Un Salon du livre de transition

Cette semaine dans l'atrium de Radio-Canada

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Publié 24/10/2006 par Yann Buxeda

C’est dans une atmosphère particulière que se tiendra cette année le 14e Salon du livre de Toronto. Suite au récents remous au sein de sa hiérarchie, le comité d’organisation a décidé de tronquer cette édition 2006, puisque se tiendra officiellement le Festival des écrivains 2006, du 23 au 29 octobre. Une situation transitoire qui permettra au Salon de ne pas connaître d’année blanche, dans l’attente d’acceptation ou de renouvellement de subventions pour l’année prochaine.

Les dernières échéances n’ont pas été de tout repos pour le comité d’organisation du Salon du Livre. En début d’année 2006, la fondatrice du Salon et directrice générale Christine Dumitriu van Saanen et le président Alain Baudot se retiraient en même temps, provoquant des changements majeurs au sein de la hiérarchie.

S’en était suivi le bref épisode de la présidence de l’écrivain Paul-François Sylvestre, qui n’était resté que quelques mois à la tête de l’organisme avant de le quitter pour raisons de santé.

Suite à ce nouveau chamboulement, le conseil d’administration avait opté pour une direction bicéphale, investissant conjointement Philippe Porée-Kurrer et Valéry Vlad du titre de co-président.

Le duo s’était retrouvé, il y a quelques semaines, avec le défi complexe de redresser la barre d’une institution culturelle déficitaire de près de 20 000 $, ne pouvant malheureusement plus bénéficier de la subvention Trillium d’environ 60 000 $ qui lui était accordé depuis trois ans. Des modifications drastiques ont été ainsi apportées à la formule originale du Salon, qui se verra remplacé par un plus réduit Festival des écrivains.

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Une situation transitoire qui n’inquiète pas outre-mesure Valéry Vlad: «Il est évident que cette année sera différente de ce qui était organisé auparavant. Déja, nous allons investir l’Atrium de Radio Canada sur deux jours, alors que précédemment, nous organisions le Salon au Palais des Congrès de Toronto. Cela représente une économie de plusieurs dizaines de milliers de dollars qui peut nous faire tendre vers l’équilibre financier en fin d’année. L’année prochaine, il est envisageable que nous retrouvions le Palais des Congrès.»

Mieux, le co-président voit dans ces difficultés une occasion de donner un nouveau souffle au principal rendez-vous littéraire de la région de Toronto: «Des moyens plus réduits stimulent la créativité. Nous allons rendre cet événement plus interactif et y faire participer le visiteur activement.»

Et déjà les modifications se font sentir, avec plusieurs initiatives qui devraient élargir le public potentiel.

En début de semaine, de nombreux artistes viendront partager leur expérience dans les écoles avec les élèves. À travers différents ateliers de lecture, d’écriture et de débat, des élèves de la 1re à la 12e année auront la possibilité de découvrir le métier d’auteur, et de s’adonner au plaisir de la lecture.

Une initiative qui permettra de ne pas couper le lien avec le milieu éducatif, puisqu’exceptionnellement cette année, les écoles ne pourront pas être présentes à la journée d’activités puisqu’elle se tiendra le samedi. Un samedi qui offrira lui aussi de nouvelles perspectives aux amateurs de beaux mots.

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Le matin, l’Atrium de Radio-Canada accueillera une simulation de café littéraire. Les auteurs, répartis sur une trentaine de tables, accueilleront les visiteurs avec un duo café-croissant, et pourront discuter plus en profondeur. Autour d’une table, les convives pourront prendre le temps de s’intéresser au quotidien de ces auteurs, aux problèmes qu’ils rencontrent, et de dépasser le lancinant et timide remerciement lancé après la classique séance de signature de 2e de couverture.

Un concept qui, selon Valéry Vlad, «donne une dimension plus humaine et spontanée aux rencontres». Évidemment les classiques qui font l’identité du Salon n’ont pas été supprimés, et les visiteurs pourront découvrir dès le vendredi la remise du Prix Christine Dumitriu van Saanen, avant de se délecter d’un spectacle en partenariat avec le Centre Francophone.

Cette année, le chanteur Pierre Lapointe sera chargé de divertir les spectateurs.

Mais si cette édition 2006 fait preuve de créativité à défaut de jouer dans le tape-à-l’oeil, il convient tout de même de s’interroger sur l’avenir potentiel du Salon du Livre. Un futur qui passe essentiellement par le solutionnement d’équations financières encore truffées d’inconnues. Premier point positif, les commanditaires des années précédentes que constituaient Patrimoine canadien, le Conseil des arts du Canada, le Conseil des arts de l’Ontario, le Conseil des arts de Toronto et le gouvernement du Québec ont réaffirmé leur volonté de s’investir dans l’événement. Une manne de près de 100 000 $ qui devrait donner un peu de souffle à la direction.

Reste toujours l’inconnue Trillium et le nom de son éventuel remplaçant. Car concrètement, le Salon du Livre ne peut pas bénéficier de cette subvention une seconde fois, de par la nature même de cette aide financière qui vise à appuyer l’élaboration d’un projet et non à le soutenir sur le long terme.

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La solution serait alors, comme le souligne la direction, «d’envisager un partenariat avec un autre organisme francophone, afin d’être autorisé à refaire une demande auprès de Trillium.»

Une solution qui assurerait la pérénité du Salon du Livre sur les trois années à venir, et qui pourrait éventuellement permettre à l’événement littéraire francophone de la Ville-Reine de redevenir bénéficiaire. Une solution qui dépend de toute façon de la pertinence avec laquelle il saura se renouveler pour conquérir un public en passse de se lasser de la formule originale.

Le livre voyageur

Au cours de ce Festival des écrivains 2006, le Comité d’organisation lancera un projet de «livre voyageur». Basé sur la création d’une communauté littéraire autour d’une plateforme cybernétique, le concept est simple.

Un lecteur lambda achète un livre, le lit, le commente sur le site, puis le laisse dans un espace public à l’abri des regards.

Un autre lecteur, lui aussi inscrit sur ce site Internet, découvre le commentaire et se rend à l’endroit où est resté le livre pour le découvrir et l’emporter à son tour, avant de devenir un nouveau maillon de la chaîne en répétant l’opération. Un concept déjà développé en Europe, qui tend à se démocratiser en Amérique du Nord.

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