255e anniversaire de l’Encyclopédie

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Publié 04/07/2006 par Paul-François Sylvestre

Le premier volume de l’Encyclopédie paraît le 1er juillet 1751. C’est le début d’une aventure éditoriale sans précédent qui va bousculer les idées reçues en France et dans toute l’Europe. À tel point qu’on parle de projet révolutionnaire.

Ce projet est né en 1745 du désir par le libraire Le Breton de traduire la Cyclopaedia de l’Anglais Ephraïm Chambers, un dictionnaire illustré des sciences et des arts publié en 1728. Le libraire soumet son idée à Denis Diderot (32 ans) qui envisage non plus une simple traduction, mais un «tableau général des efforts de l’esprit humain dans tous les genres et dans tous les siècles». D’où son titre, Encyclopédie, néologisme forgé d’après une expression grecque qui désigne les sciences destinées à être enseignées.

Diderot s’associe les services de son ami, le mathématicien et philosophe Jean Le Rond d’Alembert. En octobre 1750, il expose son projet dans un Prospectus en vue d’attirer des souscripteurs. Pas moins de 2 000 répondent à l’appel. Les plus grands esprits du temps acceptent aussi de contribuer à l’œuvre éditoriale.

Le succès de l’Encyclopédie est immédiat en France et dans toute l’Europe des Lumières. Son tirage s’élève rapidement à 4200 exemplaires, ce qui est beaucoup compte tenu du coût et de l’ampleur de l’œuvre.

Attaques contre l’Encyclopédie

Les premiers ennuis débutent avec un article sur la Genèse et la création du monde rédigé par un ecclésiastique quelque peu libre penseur. Un évêque condamne au feu les deux tomes de l’Encyclopédie déjà parus. Mais madame de Pompadour et le directeur de la Librairie, Malesherbes, font lever l’interdiction et autorisent la parution des cinq tomes suivants.

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À partir de 1757 des dévots montent à l’assaut des encyclopédistes, coupables de critiquer la religion catholique. De façon plus inattendue, Jean-Jacques Rousseau s’en prend à l’Encyclopédie en raison de l’article Genève dans lequel d’Alembert critique les mœurs austères de la cité calviniste.

Le 8 mars 1759, sur un fallacieux prétexte, le Conseil d’État interdit la vente de l’Encyclopédie et exige le remboursement des 4 000 souscripteurs. Malesherbes intervient à nouveau pour éviter la ruine à Diderot mais il ne peut autoriser la poursuite des publications.

D’Alembert, découragé, renonce à poursuivre l’entreprise. Les 10 derniers tomes sont publiés clandestinement par Diderot en 1765 et les derniers volumes de planches illustrées sont enfin publiés sans la participation de Diderot en 1772.

Au total, en 30 ans, auront été publiés 28 volumes auxquels ont participé environ 200 auteurs, y compris les plus réputés de leur temps: Voltaire, Montesquieu et Rousseau, pour ne nommer que les plus célèbres.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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