Au 2275 de l’avenue Bayview, la Galerie Glendon convie les amateurs de dessin à découvrir le travail sobre et atypique d’une artiste du monde, Vivian Gottheim. Son exposition s’intitule Soft Shapes Series 2002-2008 et présente des ondulations primaires où le banal vire, sous des ombres crayonnées, à l’abstrait absolu.
Lors du vernissage de Soft Shapes Series 2002-2008 qui a eu lieu mardi dernier, une vingtaine de visiteurs étaient présents pour rencontrer l’artiste et l’entendre présenter les 22 toiles qui épousaient jalousement la blancheur froide des murs de la galerie. «Ce projet a germé au tournant du deuxième millénaire. J’ai voulu lui rendre hommage en créant une espèce d’«arche de Noé», une compilation des formes de notre monde visuel», explique Mme Gottheim.
Des dessins qui ont ce petit quelque chose d’humain comme le décrit Vivian. «Il s’agit de formes molles, sensuelles en rapport avec l’intérieur humain. Des dessins qui parfois ressemblent à des organes humains; et de leur forme ondulante laissent place à l’interprétation.» Ainsi, des poumons sont vus comme des organes génitaux par certains visiteurs. «La couleur aurait rendu ce travail pornographique», avoue l’artiste. Elle poursuit en décrivant son travail de «très virtuel, il s’agit de formes flottantes dont l’interprétation de signes ou de symboles dépend d’une histoire, d’un passé et d’une connaissance commune.»
Spécialisée dans l’interprétation des signes visuels, Vivian s’est aussi créée un nom dans le milieu fermé des copistes de peintures classiques (Manet, Matisse…). Elle a travaillé pour le compte des grands musées de ce monde comme le Louvre et le Musée d’Orsay.
Le dessin, le commencement de toute reproduction du réel et de l’imaginaire, est mis à l’honneur par cette dame qui ne s’empêche pas, pour autant, de faire appel aux services des nouvelles technologies dans son art. Ainsi, cinq de ses dessins sont agrandis. «Ils sont 7.5 fois plus grands. L’impression a été réalisée par la maison Sagamie à Québec. Aujourd’hui il est difficile pour les artistes de passer à côté de ces technologies qui sont à portée. Grâce au numérique il y a un avancement notoire du dessin», juge-t-elle. Un agrandissement qui permet aussi une relecture du dessin et surtout aide l’artiste à rendre cet hommage tant désiré au dessin. Il a fallut près de six ans à l’artiste pour réaliser cette exposition. Bien que l’outil utilisé fût assez élémentaire, le travail fourni nécessitait, cependant, une grande attention et surtout beaucoup de patience. «Dans chaque dessin, il y a 25 couches de crayons aux mines différentes, allant du B au B6. J’ai dû ensuite brosser le papier délicatement pour obtenir les ombres recherchées.» Un jeu de tons qui peut facilement être confondu, par certains observateurs, à celui des gravures.