Zidane au cinéma à Toronto

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Publié 10/07/2007 par Yann Buxeda

Sorti sur les écrans français en mai 2006, Zidane, un portrait du 21e siècle bénéficie de deux projections ce mardi à Toronto au Bloor Cinema. Réalisé par Philippe Parreno et Douglas Gordon, ce documentaire est un exercice de style unique et propose une expérience intrusive sur l’un des plus grands génie du soccer.

Pelé, Platini, Maradonna, Beckenbauer ont chacun marqué le soccer à leur manière. Et au panthéon du plus populaire des sports, rares sont ceux à ne pas rougir d’une présence au côté de ces mythes. Zidane est de ceux-ci. En 18 années de carrière, le dernier numéro 10 du soccer moderne s’est forgé une légende, cultivant l’image d’une star accessible et pourtant insaisissable. Zidane le génie, Zidane l’incontrolable…

Celui qui réussissait les gestes les plus inconcevables et pouvait, dans la minute suivante, exploser pour une parole de travers. En 1998, il était le héros d’une épopée qui avait tenu en haleine une France toute acquise à la cause de ses Bleus. En 2006, Mister Hyde reprenait le dessus, et le magistral coup de tête qui avait propulsé la France au sommet de la hiérarchie «socceristique» face au Brésil huit ans plus tôt s’arrêtait cette fois dans un plexus adverse.

Une sortie à l’image de la légende: paradoxale et surnaturelle. Zidane était imprévisible et les seules invariables de l’équation étaient son toucher de balle et sa vision du jeu, pratiquement jamais défaillants.

Présenté en Sélection officielle hors compétition au 59e Festival de Cannes, Zidane, un portrait du 21e siècle était un pari risqué. Filmer intégralement le meneur de jeu au cours d’un match quelconque – Real Madrid – Villareal du 23 avril 2005 – relevait du défi. Postulat de base: le génie est insaisissable.

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Une règle à laquelle ont refusé de se plier les deux réalisateurs, s’entourant pour l’occasion d’une armada de professionnels dans leur domaine afin de capter l’essence du jeu zidanesque.

Darius Khondji à la photographie (Alien: Resurrection), Hervé Schneid (Amélie) au montage, et Tom Johnson (Titanic) assisté de Randy Thom (Les Indestructibles) à l’atmosphère sonore. Une Dream team à l’image des Galactiques qui ont foulé le terrain pendant les prises de vue. Au total, pas moins de 17 caméras haute-définition ont suivi le joueur au cours des 90 minutes, pour un résultat impressionnant.

Zidane, un portrait du 21e siècle est un documentaire d’un genre unique. Plus qu’un testament informatif, il s’agit avant tout d’un exercice de style, d’une oeuvre purement artistique. Chaque expression physique de Zidane y est amplifiée, analysée, scrutée.

L’oeil de la caméra ne s’attarde pas sur le jeu du footballeur, mais sur l’attitude de l’homme. Un point de vue unique que l’on ne retrouve habituellement pas sur un documentaire destinée au grand écran, où l’information coexiste avec le divertissement.

Mais ici, la bande est une toile, où les deux artistes-réalisateurs ont posé leur empreinte et ont fait de Zidane leur modèle. Zidane pose, le plus naturellement du monde, mais n’est que l’objet de la création du duo selon les règles de base de l’art contemporain.

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Un domaine exploré depuis des années par Philippe Parreno, qui a fait il y a quelques mois l’objet d’une rétrospective au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris. L’art contemporain est également au coeur des oeuvres de son collaborateur Douglas Gordon, qui expose ses travaux depuis de nombreuses années dans les plus prestigieuses galeries du globe.

En résulte un film inimitable dans son style comme dans son propos, et si l’expérience est à ne pas manquer, elle peut s’avérer complexe à appréhender. Parfois, le spectateur se perd dans les latences inhérentes au jeu, et lorsque Zidane est moins incisif, les paupières s’alourdissent.

Pour autant, dès que le génie fait vivre le ballon, l’intérêt reprend de plus belle, et l’on se surprend à écarquiller les pupilles pour ne rien manquer du geste ou de la mimique à venir. Un alternance de longueurs et d’instants d’un grand dynamisme qui font la force comme la faiblesse du film.

L’OVNI cinématographique qu’est Zidane, un portrait du 21e siècle est en tout cas une oeuvre sur laquelle se pencher, au risque de n’y aperçevoir qu’un gouffre profond et abscons.

Zidane, un portrait du 21e siècle, au Bloor Cinema, 506 rue Bloor ouest. Le mardi 10 juillet à 19h et 21h. Billets: 12$.

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