Signal d’alarme pour le reste du monde occidental ou phénomène purement américain? Chez nos voisins du Sud, on commence à évoquer le concept de « pic d’éducation supérieure » ou « pic universitaire » — en référence au pic pétrolier ou au pic automobile, c’est-à-dire le moment de l’Histoire où une «industrie» atteint un sommet avant de commencer un déclin irréversible.
Le concept semble avoir été énoncé pour la première fois par l’auteur Bryan Alexander, en 2013. Son raisonnement est qu’après un demi-siècle de croissance, la population universitaire va tôt ou tard atteindre un sommet: le nombre de gens qui veulent ou qui peuvent se rendre à l’université n’est pas extensible à l’infini. On approcherait donc du moment où la courbe ne pourra que stagner ou aller vers le bas.
Moins d’étudiants
Il y avait déjà des signes en ce sens en 2013. Cinq ans plus tard, la tendance à la baisse semble se confirmer: de 19,1 millions d’étudiants aux cycles supérieurs (collèges et universités) au printemps 2013, les États-Unis sont passés à 17,8 millions ce printemps.
Certes, il y a des arguments contraires, comme la croissance de l’enseignement en ligne. Et il y a dans cette analyse des facteurs qui sont purement américains (le phénomène a même sa page Wikipédia): les coûts d’inscription très élevés et l’énorme bulle de la dette étudiante là-bas. En plus du climat délétère créé par le gouvernement Trump, qui pourrait tirer vers le bas les inscriptions d’étudiants étrangers.
Diplômes inutiles?
Mais le scepticisme face à l’utilité d’un diplôme universitaire — sauf les filières qui conduisent directement à un emploi — est un phénomène qu’on voit également surgir au Canada, chez des chroniqueurs ou dans des sondages.