Y aura-t-il un pic universitaire ?

Diplômes post-modernes et néo-marxistes inutiles?

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Le président Barack Obama à la graduation des étudiants de la Kalamazoo Central High School (Michigan) en 2010. (Photo: Pete Souza / Maison-Blanche)
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Publié 14/06/2018 par Pascal Lapointe

Signal d’alarme pour le reste du monde occidental ou phénomène purement américain? Chez nos voisins du Sud, on commence à évoquer le concept de « pic d’éducation supérieure » ou « pic universitaire » — en référence au pic pétrolier ou au pic automobile, c’est-à-dire le moment de l’Histoire où une «industrie» atteint un sommet avant de commencer un déclin irréversible.

Le concept semble avoir été énoncé pour la première fois par l’auteur Bryan Alexander, en 2013. Son raisonnement est qu’après un demi-siècle de croissance, la population universitaire va tôt ou tard atteindre un sommet: le nombre de gens qui veulent ou qui peuvent se rendre à l’université n’est pas extensible à l’infini. On approcherait donc du moment où la courbe ne pourra que stagner ou aller vers le bas.

Moins d’étudiants

Il y avait déjà des signes en ce sens en 2013. Cinq ans plus tard, la tendance à la baisse semble se confirmer: de 19,1 millions d’étudiants aux cycles supérieurs (collèges et universités) au printemps 2013, les États-Unis sont passés à 17,8 millions ce printemps.

Certes, il y a des arguments contraires, comme la croissance de l’enseignement en ligne. Et il y a dans cette analyse des facteurs qui sont purement américains (le phénomène a même sa page Wikipédia): les coûts d’inscription très élevés et l’énorme bulle de la dette étudiante là-bas. En plus du climat délétère créé par le gouvernement Trump, qui pourrait tirer vers le bas les inscriptions d’étudiants étrangers.

Diplômes inutiles?

Mais le scepticisme face à l’utilité d’un diplôme universitaire — sauf les filières qui conduisent directement à un emploi — est un phénomène qu’on voit également surgir au Canada, chez des chroniqueurs ou dans des sondages.

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Et plus les revenus d’inscription diminuent et plus l’université coupe dans ses services et ses programmes d’études, ne privilégiant que les programmes les plus lucratifs… c’est-à-dire ceux qui conduisent directement à un emploi.

Polarisation idéologique

Si ces choix des universités peuvent être attribués à un calcul purement comptable, une polarisation idéologique pourrait elle aussi contribuer à ces choix: selon une enquête du Pew Research Center publiée en juillet 2017, près de 60% des électeurs républicains étaient d’accord pour dire que les collèges et universités avaient un impact négatif «sur la façon dont les choses évoluent dans le pays»: trop de programmes à leurs yeux associés à des valeurs de «gauche», urbaines, anti-libérales, anti-occidentales, anti-religieuses, pro-immigration…

Pour ceux d’entre eux qui en appellent à un grand ménage dans la façon dont les universités sont financées, le contribuable ne devrait payer que pour des diplômes, comme en génie, en médecine ou en droit, qui conduisent directement à un emploi.

«Ce n’est pas un futur difficile à imaginer», résumait un journaliste du magazine The Atlantic: «parce que c’est déjà en bonne partie en train de se produire».

Un récent clip de Prager University, par le prof de psychologie Jordan Peterson de l’Université de Toronto, intitulé «Dangerous People Are Teaching Your Kids», estime que des disciplines et des profs «post modernes» dévaluent les diplômes universitaires.

Auteur

  • Pascal Lapointe

    Journaliste à l'Agence Science-Presse, média indépendant, à but non lucratif, basé à Montréal. La seule agence de presse scientifique au Canada et la seule de toute la francophonie qui s'adresse aux grands médias plutôt qu'aux entreprises.

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