Dans la série «encore un génome»: voici celui du bonobo, notre cousin pacifique du sud de la rivière Congo. Un cousin qui, paradoxalement, n’aurait jamais été identifié comme une espèce différente n’eut été de ses comportements à faire rougir un évêque. Quiconque a lu sur les bonobos a en effet d’abord entendu parler de leur attrait pour le sexe, spécialement pour atténuer les conflits.
Des chercheurs l’illustrent désormais par cette expérience: de la nourriture a été livrée à proximité d’un groupe de bonobos. Les individus se sont rapidement séparés par couples et se sont mis à baiser. Chez les chimpanzés, il y aurait plutôt eu une lutte de pouvoir pour s’approprier la nourriture.
Mais peut-on aller jusqu’à croire que le génome du bonobo contienne les secrets biologiques du pacifisme? Ce serait trop simple pour être vrai. Les gènes jouent certainement un rôle, nuancent Kay Prüfer et ses collègues. Mais relier un groupe de gènes à un comportement promet d’être ardu.
Pour l’instant, cette équipe internationale de chercheurs, dirigée depuis l’Institut Max-Planck d’anthropologie de l’évolution, en Allemagne, a donc en main, grâce à ce génome, un outil de poids pour comparer les grands singes et nous, et les grands singes entre eux (le bonobo était le seul dont le génome n’avait pas encore été séquencé, et celui du chimpanzé remonte à 2004).
Ce que cet outil semble confirmer, c’est que nous partageons un ancêtre commun avec les grands singes qui serait vieux de 5 à 7 millions d’années. Mais bonobos et chimpanzés en partagent un qui remonte à moins de 2 millions d’années. Ce qui remet sur la table la question de ce qui définit la ligne entre deux «espèces»: parce que, observés de l’extérieur, les bonobos ont toutes les apparences d’un chimpanzé.