«Voici le deuil des Méganticois»

Michel Huneault et Laurence Butet-Roch avec un exemplaire de Longue Nuit de Mégantic.
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Publié 30/01/2017 par Bianka Giuristante

Cet article a été réalisé dans le cadre d’un partenariat entre La Cité et L’Express.
Cet article a été réalisé dans le cadre d’un partenariat entre La Cité et L’Express.

 Bianka Giuristante est étudiante en journalisme à Toronto au collège d’arts appliqués La Cité.


Le 6 juillet 2013, une catastrophe frappait Lac-Mégantic, une petite ville québécoise de 6000 habitants près de la frontière du Maine. Un train de wagons de pétrole du Dakota avait déraillé puis explosé au centre-ville, causant la mort de 47 résidents.

Que deviennent les familles victimes de la perte de leur fils, de leur fille, de leur maison ou de leur commerce plus de trois ans après la tragédie? C’est ce que Michel Huneault, photographe international, tente de nous montrer dans son premier livre photographique intitulé La longue nuit de Mégantic.

La veille, Huneault se trouvait par hasard à Montréal. 20 heures plus tard, il était déjà sur les lieux de l’événement, où il prenait les premières photos. Dans les premiers mois, il était presque impossible de parler aux résidents. Tous les médias étaient présents et les blessures des Méganticois étaient encore trop fraîches.

Long processus

Il a fallu trois ans à Michel Huneault pour compléter son travail. Son livre comprend non seulement des photographies, mais aussi cinq témoignages de gens touchés par la catastrophe. Pendant un an, il a suivi les acteurs principaux et tenté de partager leur peine.

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Ce travail à long terme permet de créer des récits, explique le photographe lors du lancement torontois de l’ouvrage, samedi, à la galerie Stephen Bulger de la rue Queen ouest.

La longue nuit de Mégantic comprend un mélange des premières photos qu’il a prises à peine quelques heures après l’événement, des lieux un an ou deux après, et du quotidien des familles qui ont voulu partager leur histoire.

Ayant lui-même grandi dans un petit village québécois, Michel Huneault nous partageait qu’il a facilement pu s’identifier avec la peine que pouvait vivre les habitants de Lac-Mégantic. «Vous savez comment ils sont les Québécois, très unis… et encore plus lorsqu’ils viennent d’un petit village. Tout le monde se connaît.»

C’est ce qui a rendu cette expérience un peu plus intimidante, mais la réaction du public à la sortie de son livre a été très positive. «Certaines personnes me demandaient même comment j’avais fait pour entrer en contact avec certaines familles, qui refusaient de leur parler.»

Huneault a décidé qu’un livre était la plus belle façon de rendre hommage aux Méganticois. «Je voulais que les gens de Mégantic voient le livre sur leur bureau et aient envie de le laisser à la vue; qu’ils l’aiment. Pas le voir et n’avoir qu’envie de le cacher parce qu’il nous rappelle de mauvais souvenirs.»

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Catastrophe internationale

La tragédie de Lac-Mégantic a fait le tour du monde. Pour Laurence Butet-Roch, qui a écrit la préface de La longue nuit de Mégantic, être à Paris lors de ce triste événement lui a seulement rappelé à quel point elle pouvait être loin de chez elle.

«La seule façon de vivre cette expérience était par les photos de Michel, qui a su le faire si gracieusement.»

C’était la première fois que le photographe et que la journaliste travaillaient ensemble. «J’aime beaucoup m’associer avec des gens dont l’écriture est leur expertise», indique Michel Huneault. «C’est intéressant pour moi, en tant que photographe, d’arriver à mettre des mots sur des émotions que je n’avais pas réussi à mettre dans mes photos.»

À la galerie Stephen Bulger, on diffusait une courte présentation vidéo racontant l’histoire de Clermont, qui a perdu son fils Éric dans l’accident. Des photos de la forêt où ils passaient la majorité de leur temps et les émotions dans la voix du père racontant des souvenirs avec son fils ont captivé la salle qui, majoritairement anglophone, suivait les sous-titres de la voix craquante du Québécois.

«Voici le deuil des Méganticois», a résumé Michel Huneault, «C’est là-dedans. Vous pouvez le consulter.»

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