«Tout le monde a un petit quelque chose à dissimuler. On le cache soigneusement aux autres, parfois à soi-même.» C’est un peu ce que Maurice Henrie tente de démontrer dans son tout dernier roman intitulé Odette. Il illustre aussi comment le mensonge fait partie de la vie et facilite les rapports entre les gens.
Odette et Paul en sont les principaux personnages. Elle: jeune femme avec «ce mélange fascinant d’innocence et de séduction, de maturité et d’inexpérience». Lui: homme dont l’existence «manque de direction, de poids, de justification0».
Un secret
Pendant plus de 150 pages, Odette et Paul n’échangent pas un seul mot, ce qui n’empêche pas ce dernier de devenir fasciné, subjugué, obsédé. S’est-il amouraché d’un fantôme? Chose certaine, Paul s’attend à découvrir un secret, mais il n’a aucune idée de l’ampleur et des proportions que ce secret pourra prendre en réalité.
Ancien haut fonctionnaire, Maurice Henrie campe son intrigue au ministère des Affaires étrangères, dans l’ombre d’un sous-ministre rusé. Il s’amuse à faire rimer diplomatie avec méfiance, filature, espionnage et ambiguïté. La complexité et l’énormité des confidences nous tiennent constamment en haleine.
Comme toujours, Maurice Henrie observe et analyse le comportement humain avec un doigté surprenant. En fin psychologue, il réussit à expliquer comment «il y a toujours quelque chose de brutal et d’égoïste à vivre en société». Perdants et gagnants s’entrecroisent; « si on veut survivre, il faut chercher à se ranger du côté des gagnants».