Violence dans les couples de lesbiennes: la face cachée

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Publié 17/03/2009 par Josée Laramée

La violence conjugale touche-t-elle les couples de lesbiennes? Au premier coup d’œil, nous aimerions croire que non, étant donné que nous parlons d’une relation entre deux femmes et que les stéréotypes nous présentent généralement les femmes comme étant douces et aimantes.

La violence entre lesbiennes n’est pas semblable à la violence hétérosexuelle, car elle n’est pas considérée comme une violence systémique (c.-à-d. ayant ses causes dans les inégalités entre les hommes et les femmes dans notre société) mais plutôt comme celle d’une femme qui cherche à exercer un contrôle sur sa partenaire.

Démêler cette réalité ne se fait pas sans controverse. La violence conjugale chez les lesbiennes s’exprime de plusieurs façons: physique, psychologique, verbale, sexuelle et économique.

Il est important de comprendre que l’homophobie à laquelle les lesbiennes sont confrontées entraîne souvent un lien de dépendance dans le couple. Sortir de la garde-robe pour certaines lesbiennes n’est pas facile, ce qui a pour effet de créer des liens plus étroits avec leur partenaire et une vie sociale parfois double.

L’impact de l’homophobie

Il est très difficile pour la conjointe qui s’affiche de ne pas compromettre l’anonymat de sa partenaire, cela demande un très grand contrôle de soi. Dans ces situations, la tension dans le couple monte et un contrôle constant peut s’établir. Par exemple, dans certaines situations, une conjointe opprimée peut obliger sa blonde à ne jamais partager ce qu’elle vit avec son entourage.

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Elle peut également l’obliger à ne pas s’investir ou à participer à des activités qui pourraient l’identifier en tant que lesbienne. Ce genre de contrôle est un moyen de survie pour la femme qui ne s’affiche pas et qui est victime d’homophobie.

Il est toutefois important de comprendre que ces comportements de contrôle peuvent devenir violents. La conjointe qui s’affiche se sent contrôlée, n’arrive plus à rester elle-même et à s’épanouir dans sa propre orientation sexuelle. Il est essentiel de faire un lien avec l’impact de l’homophobie dans cette situation afin de pouvoir nuancer entre une femme violente et une femme qui a des comportements violents pour se protéger.

Il est important de parler de l’impact de l’homophobie lorsqu’on parle de la violence dans les couples de lesbiennes. Ces femmes vivent de l’isolement et quelquefois n’arrivent pas à identifier les impacts dramatiques sur leur santé physique et psychologique. C’est difficile pour un couple!

La violence dans les couples de lesbiennes ne se limite pas à une situation où il existe de l’homophobie. Lorsqu’on parle de la violence, il y a toujours une notion de contrôle (contrôler sa partenaire). Dans n’importe quelle situation, la violence est un choix; elle n’est pas mutuelle contrairement à ce que l’on peut croire.

Nul ne peut causer ou provoquer un comportement violent. La partenaire violente choisit la façon de répondre ou d’agir de cette manière. Les personnes violentes ont l’habitude de rejeter la responsabilité et le blâme sur l’autre.

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Des services pour briser l’isolement

Des services existent afin de briser l’isolement et aider la victime à reprendre le pouvoir de sa vie. Voici quelques comportements qui mènent à la violence: isoler sa partenaire, la manipuler dans sa façon de voir les choses afin de se déresponsabiliser, ne pas respecter le rythme de l’autre et l’amener à vivre de l’épuisement physique et psychologique, la menacer, lui faire croire qu’elle est la seule qui puisse subvenir à ses besoins, l’humilier et lui faire croire qu’elle est toujours en faute, initier continuellement des chicanes, contredire tout ce que l’autre dit. La partenaire violente peut faire croire que c’est elle la victime et faire croire à sa partenaire qu’elle est violente.

Une lesbienne qui est victime de violence peut vivre doublement de l’isolement. Les services ne sont pas toujours adaptés pour comprendre cette réalité. Le niveau de dépendance dans le couple aura aussi un effet sur la victime. Elle peut se sentir responsable de l’autre au point de se sentir «la méchante» si elle quitte la relation.

Il est important dans cette situation de garder le focus sur le comportement violent que la victime a subi et les émotions qu’elle a vécues. Il faut apprendre à faire la différence entre un comportement isolé qui peut être violent et vivre avec une partenaire violente. Si cela t’arrive, il est nécessaire de développer des liens de confiance avec d’autres personnes et de briser l’isolement.

Il y a une ligne d’écoute confidentielle qui peut t’écouter 24 heures/7 jours/semaine, 1 877-femaide (1 877 336-2433).

L’auteure de cet article, rendu possible grâce au soutien de la Fondation Trillium, est intervenante sociale.

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