Victoire anglaise, huguenots français, art américain: 
trois expositions à Québec

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Publié 11/08/2009 par Paul-François Sylvestre

Trois musées de Québec se donnent la main pour nous faire voyager en Amérique du Nord à différentes époques. Le Musée de la civilisation présente le récit d’une guerre (1756-1763), le Musée de l’Amérique française se penche sur les huguenots en Nouvelle-France et le Musée national des beaux-arts du Québec s’intéresse à l’Art américain de 1850 à 1950.

1756-1763, récit d’une guerre, est une exposition qui souligne le 250e anniversaire de la bataille des plaines d’Abraham. Présentée au Musée de la civilisation à Québec jusqu’au 14 mars 2010, l’exposition 1756-1763 jette un regard global sur la guerre de Sept Ans. Cette dernière constitue le premier véritable conflit aux ramifications mondiales, qui a eu d’importantes répercussions en terre d’Amérique. La plus significative pour nous est évidemment la perte de la Nouvelle-France aux mains des Anglais.

Divisée selon un parcours chronologique, l’exposition apparaît un peu trop linéaire à certains moments. Il y a bien quelques artefacts du quotidien guerrier, notamment une magnifique corne à poudre, mais la majeure partie des pièces en montre se limite à des lettres et plans signés par les grands acteurs militaires que sont les généraux Wolfe et Montcalm, ainsi que le colonel James Murray.

Grâce à la technologie, l’exposition réussit à donner vie aux émotions de ceux qui ont subi cette guerre dans l’ombre. On entend le déchirement d’une femme d’un colon milicien, qui voit son homme partir; on est témoin de l’inquiétude d’un marchand nantais, de la peur d’un Acadien déporté, de l’espoir d’un soldat de Montcalm, de l’ambivalence d’un chef iroquois et de la sensibilité d’un soldat écossais.

1756-1763, récit d’une guerre renferme même une double touche romantique. On y apprend que Montcalm était vraiment amoureux de son épouse Angélique – chose assez rare à une époque de mariages arrangés – et qu’elle lui manquait profondément pendant son séjour au Canada. Wolfe, lui, s’est fiancé en 1758. Sa Katherine commanda un portrait miniature d’elle-même, puis l’inséra dans un médaillon que Wolfe portait à son cou.

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Les huguenots en Nouvelle-France

Tour à tour acceptés, interdits, tolérés et marginalisés, les huguenots, sujets protestants d’un royaume catholique, jouent un rôle de premier plan en terre d’Amérique. C’est ce qui se dégage d’une petite exposition présentée jusqu’au 11 octobre prochain au Musée de l’Amérique française, à Québec. Intitulée Une présence oubliée: les huguenots en Nouvelle-France, cette exposition fait la lumière sur cette page assez méconnue de l’histoire.

Dans un premier temps, on nous présente qui sont les huguenots. Puis, on évoque la précarité de leur situation en France comme en Nouvelle-France. Par la suite, on explore la spécificité de la foi protestante, la simplicité du culte et les répercussions des interdits dans le quotidien. Enfin, on présente l’évolution de la communauté protestante francophone dans l’histoire du Québec, héritière en quelque sorte de la foi huguenote. Les objets en montre se limitent souvent à des bibles ou livres de prières.

Nichée dans un décor évoquant la clandestinité du culte protestant, Une présence oubliée rappelle différents aspects de la réalité de la communauté huguenote: sa migration, son rôle dans la vie sociale, économique et politique de la Nouvelle-France.

On y apprend une chose surprenante: entre 1540 et 1629, six des onze gouverneurs de la Nouvelle-France furent huguenots. De plus, aux États-Unis, des villes comme New Rochelle (État de New York) et New Bordeaux (Caroline du Sud) ont été fondées par des huguenots.

L’art américain de 1850 à 1950

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Des années 1850 jusqu’au milieu du XXe siècle, la culture américaine s’est profondément transformée et enrichie. Sous l’influence des courants européens, l’art américain a progressivement délaissé la représentation littérale de son environnement immédiat pour aborder des idées abstraites ayant une portée universelle. C’est pendant ce siècle formateur que l’art américain acquiert sa maturité.

C’est pour illustrer cette maturité finement acquise que le Musée national des beaux arts de Québec présente, jusqu’au 11 septembre, L’Art américain, de 1850 à 1950: l’époque de la maturité. Réunissant plus de 70 œuvres, l’exposition retrace les grands mouvements qui ont marqué cette période. On y dévoile des chefs-d’oeuvre du paysage américain (James McNeill Whistler, Winslow Homer), des œuvres influencées par l’impressionnisme (Mary Cassatt, John Singer Sargent), des tableaux illustrant l’impact de la modernité (Edward Hopper), ainsi que des peintures et des sculptures par des pionniers de l’abstraction (Jackson Pollock, Frank Stella).

Aux États-Unis, les villes connaissent un développement notoire dans le premier quart du XXe siècle. Cette période connaît des œuvres marquées par l’urbanité et d’autres empreintes d’un réalisme volontiers qualifié de viril. L’Acrobate en vert de Walt Kuhn en demeure un fort bel exemple.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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