VIA Rail: les services en français limités au territoire du Québec?

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Publié 08/09/2009 par Gérard Lévesque

«C’est certain, on essaie d’avoir le plus d’employés francophones à bord de nos trains; cependant, il faut comprendre que c’est une liaison Toronto-Ottawa, donc pas nécessairement au Québec.» Voilà l’explication de l’absence de services adéquats en français lors d’un incendie dans un train VIA dans la banlieue de la capitale du Canada.

C’est ainsi qu’une porte-parole de VIA Rail s’exprimait le 17 août dernier dans le cadre d’un reportage de la journaliste Michelle Lamarche, de Radio-Canada, au sujet d’un incendie qui, la veille, s’était déclaré dans un train de passagers qui faisait la liaison entre Toronto et Ottawa.

Les 323 passagers du train ont dû être évacués. Des passagers ont critiqué la façon dont les opérations se sont déroulées; il semble que peu d’informations étaient disponibles en français.

VIA Rail Canada exploite les services nationaux de transport ferroviaire pour le compte du gouvernement du Canada. À titre de société d’État indépendante créée en 1977, VIA vise à fournir aux Canadiens des services voyageurs sécuritaires, efficaces et respectueux de l’environnement. Cela doit toutefois être fait dans le respect des droits linguistiques des voyageurs.

Les propos de la porte-parole de VIA Rail démontrent que l’entreprise ne se conforme pas aux lois et politiques nationales sur le bilinguisme à plusieurs égards. D’abord, ils laissent entendre que les services en français sont l’exclusivité d’employés francophones ce qui est faux: il y a des anglophones bilingues qui sont en mesure d’offrir des services dans les deux langues officielles.

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Ensuite, ils sous-entendent que les services en français sont assurés au Québec et qu’ailleurs, même dans une zone à proximité de notre capitale nationale, ils n’ont pas à être offerts.

Les services aux voyageurs font l’objet du paragraphe 23 (1) de la Loi sur les langues officielles dont le texte est le suivant: «Il est entendu qu’il incombe aux institutions fédérales offrant des services aux voyageurs de veiller à ce que ceux-ci puissent, dans l’une ou l’autre des langues officielles, communiquer avec leurs bureaux et en recevoir les services, là où, au Canada comme à l’étranger, l’emploi de cette langue fait l’objet d’une demande importante.»

S’il est considéré que l’emploi du français ne fait pas l’objet d’une demande importante dans les trains de passagers qui font la liaison entre Toronto et Ottawa, on peut se demander à quel endroit à l’extérieur du Québec les services en français seront offerts. Avec une telle mentalité, les voyageurs francophones qui aimeraient admirer les Montagnes Rocheuses ne sont pas prêts d’être servis dans leur langue.

À mon avis, le gouvernement Harper laisse trop l’impression qu’à l’extérieur du Québec, il n’est pas nécessaire d’offrir des services en français.

Et comme le Premier ministre n’intervient pas afin de faire modifier cette perception, il n’est pas surprenant de constater que des sociétés du gouvernement fédéral ignorent leurs obligations de bilinguisme, et d’entendre leurs employés prononcer des propos insultants pour la francophonie canadienne.

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Le Canada a parcouru beaucoup de chemin depuis 40 ans, mais n’a pas encore atteint les attentes exprimées dans la Loi sur les langues officielles. En présentant, le 26 mai dernier, son rapport annuel marquant le 40e anniversaire de la Loi, le commissaire aux langues officielles Graham Fraser a affirmé que «malgré quatre décennies de travail et certains succès indéniables, le Canada n’a pas su tirer pleinement avantage de son bilinguisme».

«Il existe un manque de liens et de cohérence dans la politique linguistique canadienne. Le gouvernement canadien a trop souvent négligé le fait que la santé du régime linguistique canadien dépend de celle de toutes ses composantes.»

«Il suffit que le leadership des institutions fédérales s’affaiblisse dans un secteur de la dualité linguistique pour que des problèmes surgissent sur tous les plans.»

Oui, il est possible de faire mieux!

Auteur

  • Gérard Lévesque

    Avocat et notaire depuis 1988, ex-directeur général de l'Association des juristes d'expression française de l'Ontario. Souvent impliqué dans des causes portant sur les droits linguistiques. Correspondant de l-express.ca, votre destination pour profiter au maximum de Toronto.

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