Vacances estivales au Sud-Liban

Là où le temps est comme l’océan

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 09/10/2012 par Annik Chalifour

Depuis plusieurs mois le site du ministère canadien des Affaires étrangères et du Commerce international recommande aux Canadiens d’éviter tout voyage non essentiel au Liban. Malgré cet avertissement, Lucie Lacombe, originaire de la région Ottawa-Gatineau, vient d’effectuer un séjour de vacances d’un mois au sud du pays.

C’est suite à la proposition de son compagnon d’origine libanaise, d’aller visiter son village natal, Zawtar El Charkieh, que Lucie a pris la décision de voyager avec lui cet été au Liban.

Ils sont rentrés le 8 septembre, quelques jours avant l’attaque de l’ambassade américaine en Libye, les manifestations à travers le monde arabo-musulman suite à la diffusion d’un film anti-islam sur YouTube, et la visite du pape à Beyrouth.

«Nous avons surveillé avec assiduité la situation politique de la région durant plusieurs mois précédant notre départ, puis sommes finalement partis le 12 août», a détaillé Lucie contactée par L’Express.

Extrêmement chanceux

«Le sud du Liban, où nous étions basés, présentait beaucoup moins de risques sur le plan de notre sécurité. On a été extrêmement chanceux», a-t-elle admis.

Publicité

«Il est prudent d’éviter Tripoli, au nord de Beyrouth, où des affrontements sont perpétrés, et l’est du pays, où des milliers de Syriens cherchent refuge», d’ajouter Lucie.

«On a tout de même vécu quelques inquiétudes. Vers la fin d’août, la route entre Beyrouth et Zawtar El Charkieh a été momentanément bloquée. Si la situation avait perduré, notre retour au Canada, via l’aéroport de Beyrouth, aurait pu être compromis.»

«Début septembre, en nous dirigeant vers la frontière d’Israël pour y faire des achats, nous avons dû nous arrêter à un poste de militaires sur la route. On nous a signifié qu’on devait obtenir une autorisation de l’armée pour continuer.»

Par ailleurs, le renforcement des troupes de l’ONU dans le Sud-Liban est très visible, a fait remarquer Lucie.

Diversité des langues arabes

Lucie, œuvrant auprès de l’Agence canadienne de développement international depuis 2005, a bénéficié de plusieurs séjours professionnels à l’étranger, dont au Pérou, en Éthiopie et au Mozambique.

Publicité

En outre, parlant couramment l’espagnol, elle côtoie la culture latine depuis 30 ans, ayant effectué plusieurs voyages en Colombie et au Salvador.

«Bien que le milieu arabo-musulman du Sud-Liban diffère beaucoup de ma culture d’origine et de tout ce que j’ai connu à ce jour – on est arrivé au pays cinq jours avant la fin du Ramadan – je n’ai pas ressenti le choc culturel.»

«Sauf le défi de la communication verbale, vu mon manque de connaissances de l’arabe libanais», a commenté Lucie.

«Avant mon départ, j’ai suivi des cours d’arabe auprès du Centre islamique de l’Outaouais. Cela ne m’a pas vraiment aidée, puisque l’arabe classique diffère de l’arabe libanais. Chaque pays arabe possède sa propre langue.»

«De plus, apprendre l’arabe pour un Occidental n’est pas chose facile, puisqu’il n’y a pas d’autre façon que de l’apprendre par cœur.»

Publicité

Le temps à l’infini

Zawtar El Charkieh est situé à 30 minutes par route de la Ville de Jezzine au Sud-Liban. L’endroit posé sur une colline au nord de la rivière Litani, tout en la surplombant, fait partie de la province de Nabatiyeh, à 85 km au sud de Beyrouth.

La population locale dépasse les 3000 habitants, dont la principale source de revenus dépend de la culture du tabac. Le village abrite une école publique, une pépinière, et une clinique médicale, décrit Lucie.

«Les villageois vivent au jour le jour. Le temps est comme un océan; la ponctualité n’existe pas. On ne trouve pratiquement aucun touriste étranger dans cette région.»

La mosquée, porteuse des nouvelles

«Les visiteurs sont en majorité Libanais, de la diaspora. Ils sont 13 millions vivant à l’extérieur du pays. Ils disent préférer venir au pays durant la période estivale où les figues sont fraîches: un pur délice!», de témoigner Lucie.

«Tout au long de mon séjour, je ne me suis jamais sentie menacée. Sans être obligée de porter le voile en public, j’étais vêtue de pantalons qui me couvraient les genoux et d’un haut qui camouflait mes épaules.»

Publicité

Les microphones accrochés à la tour de la mosquée du village ont particulièrement piqué la curiosité de Lucie. «Outre l’appel à la prière, ces micros diffusent au quotidien les nouvelles de la communauté: avis de décès, inscriptions à l’école, mariages, etc.», a-t-elle raconté.

Jezzine, Jeita, château de Beaufort

«Jezzine, située sur les pentes de Toumat Niha, à 73km au sud de Beyrouth, offre une stupéfiante vue panoramique des localités environnantes éparpillées au milieu d’une plaine fertile et protégée par les montagnes», a rapporté Lucie.

«Elle est, durant l’été, la plus célèbre station balnéaire et touristique du sud du Liban, en raison de ses splendides paysages et de ses chutes d’eau extraordinaires à deux pas de la Méditerranée.»

On ne peut pas séjourner au Liban sans visiter les fameuses grottes de Jeita, merveille de la nature découverte en 1836, situées à 20 km au nord de Beyrouth, un lieu fantastique, selon Lucie.

Sur une distance de 650 mètres et sur deux niveaux, la plus basse grotte permet de se retrouver dans des halls grandioses: «On est submergé par l’atmosphère semi-sombre, mise en valeur par un jeu de lumières qui éclaire d’énormes fleurs de pierres roses.»

Publicité

«Sans oublier notre visite aux ruines du château de Beaufort à proximité de Zawtar El Charkieh, pourvu d’un paysage remarquable, avec vue sur le Liban et Israël. Le site hautement historique est considéré comme un symbole des prises de pouvoir au Sud-Liban.»

Lucie et son compagnon comptent retourner au Liban annuellement, «à condition que la situation de la sécurité sur le terrain le permette.»

Auteur

  • Annik Chalifour

    Chroniqueuse et journaliste à l-express.ca depuis 2008. Plusieurs reportages réalisés en Haïti sur le tourisme solidaire en appui à l’économie locale durable. Plus de 20 ans d'œuvre humanitaire. Formation de juriste.

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur