Urbanisme: quels grands défis pour Toronto?

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Publié 03/08/2010 par Vincent Muller

«À Toronto, on commence à comprendre à quoi une ville viable ressemble», expliquait Antonio Gómez-Palacio, fondateur associé de Office For Urbanism, firme d’urbanistes et architectes qui travaille sur plusieurs projets à Toronto et à travers le monde. En entretien avec L’Express, ce professionnel de l’architecture, de l’urbanisme et du design urbain a évoqué les orientations et défis que devra relever la Ville-Reine dans un avenir proche.

Toronto, déjà la ville la plus peuplée du pays, continue de se développer alors que les sites à occuper se font de plus en plus rares. «On commence à présent à construire sur d’anciens sites industriels. C’est la meilleure façon d’accommoder la nouvelle masse importante de population dans la ville», explique Antonio Gómez-Palacio.

Les nouveaux développements abritent une population de plus en plus nombreuse et la densité dans certaines zones de la ville commence à être très importante. Ceci implique évidemment plus de piétons, plus de trafic, plus de monde dans les transports et donc une nouvelle façon de gérer l’aménagement urbain de manière à ce que tout ce monde cohabite dans un environnement pratique et agréable. Et ceci ne se fait pas sans un certain nombre de règles.

De plus en plus de directives

La planification urbaine à Toronto semble être soumise à de plus en plus de directives.

Si pour certains les régulations ne sont pas assez strictes, Antonio Gómez-Palacio considère que «l’appréciation de la politique d’aménagement spatial de la ville est une question de perspective. Toronto a considérablement plus de normes et plus d’orientations que beaucoup d’autres villes au Canada», souligne-t-il. «Bien que les régulations concernent souvent la forme des immeubles, il commence à y avoir plus d’informations sur le design urbain et la mise en place de politiques sur l’environnement.»

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D’après l’urbaniste, les choses vont dans le bon sens, notamment avec la parution, il y a quelques mois, d’un document interne à la ville comprenant un certain nombre de recommandations destinées à aider les fonctionnaires à prendre des décisions concernant le développement de la ville en respectant un certain cadre.

«Ce document insiste sur l’importance d’orienter le développement de Toronto en facilitant la mobilité», explique-t-il. «Cette feuille de route évoque notamment le plan principal des transports, le développement des espaces verts, et la ‘walkability’»

On planifie de plus en plus et on se concentre davantage sur la relation entre le paysage urbain et les bâtiments. «La qualité de l’environnement urbain est reliée à la qualité de vie et au développement économique», explique Antonio Gómez-Palacio et selon lui, un certain nombre de projets en cours de réalisation ont largement pris ces paramètres en considération.

Waterfront

Le projet de réhabilitation des rives du lac est un exemple de développement sur d’anciens sites industriels. «La société Waterfront, qui gère ce projet, a un cadre de travail encore plus strict, avec plus de régulations que le reste de la ville.»

«Après avoir défini ce cadre, la société sélectionne les développements qui s’intègrent au plan. Le projet attendra les objectifs en matière de qualité de vie et de développement économique».

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Il cite également en exemple le projet de réhabilitation de Regent Park, quartier autrefois composé uniquement de logements sociaux, qui abritera désormais aussi bien des logements pour personnes à revenus modestes que pour des personnes plus aisées.

Rendre la ville plus accessible aux piétons

Rendre la ville plus accessible aux piétons est l’un des défis à relever pour Toronto, selon le fondateur de Office For Urbanism.

Ceci ne signifie pas forcément créer des rues piétonnes: «Beaucoup de gens n’ont que l’option de conduire. L’une des plus grandes questions est de savoir comment on va rendre plus facile le mouvement des piétons sans enlever les voitures», explique-t-il, soulignant le fait que les rues ayant le plus de succès sont celles où l’on a plusieurs options comme Queen ou Spadina

Antonio Gómez-Palacio insiste sur l’importance de «créer une meilleure relation entre la rue et les bâtiments en plaçant par exemple des stationnements derrière les bâtiments et en élargissant les trottoirs».

Concernant les développements urbains, la ville possède des directives pour privilégier la densification de la population dans certaines zones grâce à de nouvelles constructions.

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«Les plans de développement des transports doivent se faire en fonction de cela». Et pour les zones déjà bien desservies par les transports, «il faut essayer d’augmenter la densité le long de ces couloirs de transit et d’y créer des espaces agréables et praticables pour les piétons».

L’une des principales difficultés à Toronto réside dans le fait que la ville soit une ville de quartiers, éloignés les uns des autres et assez difficiles à relier. Le lien entre les banlieues est également problématique et oblige beaucoup de gens à posséder un véhicule. «Le but est de réduire la dépendance des voitures.

Déjà 80% des gens qui travaillent au centre-ville viennent sans voiture. Le défi est de trouver comment aménager les banlieues, où ceci est beaucoup plus compliqué, et notamment y introduire d’autres options comme le vélo».

Beaucoup de bonnes idées

«C’est une période excitante pour Toronto car beaucoup de bonnes idées sont sur la table, il faut voir si d’ici 5 ou 6 années on va arriver à les mettre en place», lance Antonio Gómez-Palacio ajoutant que «le candidat qui sera élu à la mairie aura en charge de mettre en application beaucoup d’idées qui se trouvent dans le document interne» et insistant sur le fait que «la ville a un rôle à jouer en tant que leader par rapport à la façon dont elle influence le secteur privé».

«En ce moment, tous les candidats essayent de venir avec leurs propres plans. Mais ça n’a de la valeur que si le candidat est prêt à travailler avec toutes les personnes concernées. Le maire devra avoir une vision urbaine axée sur le développement durable et la qualité de vie et travailler avec les gens.»

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