Une valse fantasmagorique de tableaux

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Publié 30/04/2013 par Gabriel Racle

Ce n’est pas un article qu’il faudrait écrire pour couvrir ce sujet, mais tout un livre, tant sont nombreux les cas qui entrent dans l’une ou l’autre de ces catégories. Et l’on a même l’impression, en parcourant les documents qui en parlent, que ces cas se multiplient depuis quelques années, à moins que ce ne soit un meilleur traitement médiatique. Nous nous contenterons de donner ici quelques exemples récents, qui parlent d’eux-mêmes.

Différentes catégories

Il faut donc au départ distinguer différentes catégories qui rythment la danse évanescente, résurgente ou surprenante qui voit valser des tableaux comme valsent au vent les feuilles d’automne. Il y a des tableaux que l’on découvre un beau jour dans les réserves des musées, qui se révèlent des œuvres d’un maître et non celles d’un élève ou une simple copie.

On peut faire entrer dans la même catégorie des tableaux inconnus ou non localisés, que des collectionneurs privés font connaître ou authentifier. Car dans ces deux cas, un laborieux travail d’experts est nécessaire pour attacher un nom à une œuvre.

Il y a les tableaux volés dans des musées ou chez des particuliers. On peut d’ailleurs s’étonner de l’apparente facilité avec laquelle ces vols se produisent, bien qu’il existe des dispositifs technologiques de protection, mais non encore installés, ils coûtent cher -ou non- en fonction.

Et un beau jour, 3 semaines, 5 ans, 10 ans ou plus après leur disparition, les services de police spécialisés les retrouvent ou ils réapparaissent fortuitement ici ou là, dans une vente ou chez un antiquaire.

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Rembrandt

Le 18 mars 2013, la presse annonçait que l’on avait retrouvé en Angleterre un tableau de Rembrandt. Rembrandt (1606-1669) est ce très célèbre peintre flamand de l’art baroque et de l’École hollandaise, que nous avons présenté dans L’Express du 11 juillet 2006 à l’occasion du 400e anniversaire de sa naissance.

Il a réalisé un nombre considérable d’œuvres marquantes, dont de très nombreux autoportraits. Et c’est l’un d’eux, jusque-là considéré comme le tableau d’un de ses élèves, qui vient d’être authentifié par un expert néerlandais de Rembrandt.

Ce tableau authentifié date de 1635 et il est signé par le peintre âgé alors de 29 ans. Étant donné la notoriété de l’artiste, la valeur de cette œuvre est estimée à quelque 40 millions de nos dollars. Le tableau est exposé à l’abbaye de Buckland dans le Devon (sud-ouest de l’Angleterre).

Gérôme

En février 2012, on annonçait qu’un tableau de Gérôme, perdu depuis 1897, était à vendre. Il s’agissait de la version nocturne de La fuite en Égypte. La toile a été retrouvée par hasard dans «une grange», recouverte de suie et de crottes de pigeon et adjugée près de 70 000 $ dans une vente aux enchères en mars 2012.

Jean-Léon Gérôme (1824-1904) est un peintre français, représentant typique de la peinture académique du Second Empire (1852-1870) de Napoléon III. Il a connu un grand succès jusqu’à ce qu’il s’oppose à l’impressionnisme, «le déshonneur de l’art français». Il est l’auteur de très nombreux tableaux, dont près de 60 se trouvent dans des musées des États-Unis.

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Hans Fries

Le nom de ce peintre suisse n’est peut-être pas très connu, mais l’histoire d’un de ses tableaux perdus est rocambolesque. Fries (1465-1523) est un peintre fribourgeois de la fin du Moyen Âge. Le Musée d’art et d’histoire de Fribourg a retrouvé la Vierge à l’Enfant, peinte il y a 500 ans par Hans Fries, dont on avait perdu toute trace (sauf une photo en noir et blanc) jusqu’à l’été 2012. C’est presque «incroyable», disait la directrice du musée.

C’est à Madrid, chez des marchands d’art, qu’elle a vu pour la première fois le tableau perdu. «Un moment de grande émotion, dit-elle. Cette Vierge à l’Enfant recèle comme une lumière qui lui est propre. Elle représente l’un des motifs les plus élevés de la spiritualité chrétienne, avec des matériaux extrêmement simples. C’est juste un bout de bois avec une fine couche de peinture dessus: tout le reste tient au savoir-faire du peintre et à l’espace imaginaire qu’il sait transmettre.»

Swissinfo fait du tableau et du peintre cet éloge: «On comprend que cette peinture ait pu inspirer les expressionnistes, au XXe siècle, ainsi que les tenants de la Neue Sachlichkeit, ou Nouvelle Objectivité. Scènes de martyre, images de la Légende dorée et cycle de la Vierge constituent de véritables joyaux; le chromatisme chaud et velouté évoque d’ailleurs les effets de l’émail.»

Renoir

Perdu depuis 1926, un tableau de Renoir aurait été retrouvé en octobre 2012 dans un marché aux puces de Virginie aux États-Unis. L’acheteuse qui s’intéressait au cadre l’a payé six dollars.

À suivre

Au train où se succèdent trouvailles et retrouvailles, nous aurons bientôt de quoi écrire un autre article, tout aussi diversifié. Déjà, les exemples ne manquent pas.

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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