Une touche d’art haïda

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Publié 08/04/2014 par Gabriel Racle

Même si l’art haïda fait partie du patrimoine culturel du Canada, nous n’avons pas forcément une très bonne connaissance de ses œuvres, ni de ses représentants. Il est vrai que le berceau de la nation des Haïda se trouve au loin, dans le nord-ouest de la Colombie-Britannique, et que l’on n’a pas toujours l’occasion ou la facilité de se rendre dans l’ouest du Canada.

Au nord-ouest de la Colombie-Britannique, à environ 800 km à vol d’oiseau de Vancouver, se trouve un archipel de plus de 150 îles, connu autrefois sous le nom d’îles de la Reine-Charlotte, découvertes en 1787, ainsi nommées ainsi en l’honneur de la femme du roi britannique George III.

Mais le 17 juin 2010, le ministre des Affaires indiennes et du Nord canadien adressait ses félicitations «à la Nation Haïda pour le changement de nom officiel des îles de la Reine-Charlotte, en Colombie-Britannique, qui reprennent le nom Haïda Gwaii.

Il s’agit d’une réalisation importante. À partir de maintenant, le nouveau nom des îles offrira à toutes les personnes qui y vivent ou les visitent un rappel concret que la Nation Haïda est partie intégrante de l’histoire de ce lieu.»

Cette histoire est très ancienne, et «le fait de renommer les îles Haïda Gwaii, qui signifie «îles du peuple», revêt une importance profonde pour le peuple haïda», ajoutait-il. En effet, on pense généralement que les Haïdas auraient occupé cet archipel après la fin de la glaciation du Wisconsin, la dernière glaciation qui a affecté le nord de l’Amérique, 7 000 ans avant notre ère.

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Un art qui n’en est pas un

«Le concept abstrait de l’art pour l’art n’avait guère de signification pour les Haïdas, mais c’étaient des artisans d’une valeur exceptionnelle qui s’efforçaient constamment d’améliorer leurs techniques,» explique le Musée canadien de l’histoire (MCH) dans un article sur L’art haïda.

Comme le fait remarquer Peter Simpson, dans un article du 7 mars de l’Ottawa Citizen consacré à Charles Edenshaw, il est assez remarquable qu’il n’y ait pas de mot art dans la langue haïda, pas plus d’ailleurs que l’équivalent du mot artiste, même pour ceux qui le sont réellement.

Au fil du temps, tout aussi bien pour les besoins de leur propre culture que pour commercer avec des résidants de l’île de Vancouver et du continent, puis pour le commerce avec les Européens, les artisans haïdas ont perfectionné leurs productions en produisant de véritables objets d’art: coffres en bois sculptés, bijoux en cuivre et en argent, articles en corne, en ivoire, en argent, en bois, en vannerie, et surtout, très prisés, de petits objets en argilite.

L’argilite

«L’argilite, explique le MCH, est une pierre sédimentaire noire à grain fin dont il n’existe qu’un unique dépôt, le ruisseau Slatechuck dans Haida Gwaii. Les Haïdas commencent à la sculpter vers 1800 pour faire des pipes destinées aux rites du tabac accomplis lors des funérailles.

Parmi les images les plus fréquemment sculptées sur les pipes figurent des héros mythiques tels que le Corbeau et l’Ours, des navires et des marins européens, des pieds de tabac indigènes ainsi que des libellules et des papillons, censés transporter les âmes des défunts.»

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Charles Edenshaw

Et au cours des ans, de véritables artistes s’inscrivent dansé cette tradition, don l’un est particulièrement célèbre comme «géant de l’art haïda» pour reprendre une expression du titre de l’article de Simpson, c’est Charles Edenshaw (1839–1920). Et des œuvres de cet artiste font l’objet d’une exposition au Musée des beaux-arts du Canada (MBAC) jusqu’au 27 mai 2014.

«Charles Edenshaw est reconnu aujourd’hui comme l’un des artistes les plus novateurs de la côte Ouest. L’exposition propose une vue de l’ensemble de son œuvre et présente une sélection de pièces qu’il a créées tout au long de sa vie, depuis les objets traditionnels fabriqués pour les membres de sa famille jusqu’aux mâts totémiques, plateaux et autres objets finement sculptés et destinés au commerce avec les Européens.» (MBAC)

L’exposition développe quatre thèmes: le perfectionnement fait par l’artiste du style traditionnel, son talent pour animer les récits et légendes haïdas, son intérêt pour les nouveaux matériaux et concepts visuels, ses croyances profondément ancrées dans les traditions de son peuple, où il a puisé souplesse et force d’esprit pour devenir un artiste haïda malgré l’oppression coloniale.

Catalogue

Cette exposition est la première grande rétrospective de l’œuvre de cet artiste haïda réputé du XIXe siècle. Elle comporte 80 pièces, souvent petites, témoignages de l’important héritage qu’il a légué à l’art passé et présent de la côte nord-ouest du Canada.

Un catalogue en anglais, avec deux essais dans un encart en français (le demander), comportant de nombreuses illustrations en noir ou en couleur, presque à chaque page, permet d’examiner à loisir les pièces d’art haïda et de son illustre représentant, Charles Edenshaw.

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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