Vous en avez peut-être entendu parler: la semaine dernière, dans la nuit de mardi à mercredi, il y a eu une seconde de plus. Si ça fait partie des choses qui vous ont empêché de dormir, bienvenue parmi ceux qui réclament que ce soit la dernière seconde avant quelques siècles.
Les organismes nationaux et internationaux chargés de calculer l’heure (très) précise n’ont qu’un léger ajustement à faire: la dernière minute de la journée de mardi (temps universel ou TUC) a duré 61 secondes. Pas assez pour que vos horloges numériques n’en soient désemparées, juste assez toutefois, pour qu’il faille ajuster les GPS et beaucoup de systèmes électroniques, dans le secteur financier par exemple, qui exigent d’être synchronisés à la seconde près.
Les amateurs d’astronomie en connaissent la raison: la mécanique céleste n’est pas aussi rigoureuse qu’elle en a l’air. Par exemple, la Lune, dans sa ronde autour de la Terre, s’éloigne de nous à raison de 3,8 centimètres par an, un jeu d’attractions qui ralentit la rotation terrestre. Cette instabilité a conduit la science à redéfinir la durée d’une seconde : au lieu d’être une fraction d’une rotation terrestre, c’est devenu, dans les années 1960, la durée de 9 192 631 770 cycles d’un atome de caesium-133.
Le problème est que si on choisissait d’aligner nos horloges sur ce temps atomique, sans tenir compte de ce que nos yeux voient, arriverait un moment où le Soleil se lèverait — selon nos horloges — en fin de matinée. D’où le débat en cours depuis 30 ans: faut-il ajouter une seconde intercalaire à intervalles réguliers… ou non?
Depuis la signature d’un traité international, en 1972, régissant ces secondes intercalaires, on a ainsi ajusté le TUC d’une seconde à 26 reprises — chaque fois une addition, jamais une soustraction jusqu’ici. Le tout, dans le but d’atténuer le décalage avec le temps atomique. Ces changements sont sous l’égide de l’Union internationale des télécommunications, un organisme des Nations Unies.