Une rockeuse d’âme et de cœur

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Publié 13/06/2006 par Marta Dolecki

«J’n’étais encore qu’un enfant d’chœur/ Qu’j’avais déjà un coeur de rocker […] J’n’étais encore qu’un teenager/ Qu’j’suis parti vivre ma vie en outsider.» Si elle était née de l’autre coté de l’Atlantique, et avait eu pour idole Julien Clerc, Anik Jean aurait pu compléter les paroles d’une chanson qui lui ressemble.

Mais seulement voilà, la belle a vu le jour au Québec, et sans vouloir froisser qui que ce soit, elle cite plutôt pour influences musicales David Bowie, PJ Harvey ou encore Coldplay. Son mentor lui, n’est pas Julien Clerc, mais un certain Jean Leclerc, alias Jean Leloup. Là encore, la jeune femme travaille à se faire un nom par elle-même. Et y réussit plutôt bien.

Dans le paysage des interprètes québécoises, Anik Jean détonne, essentiellement parce qu’elle ne ressemble à personne. Parfois, ça fait du bien. Il y a de jolies pierres polies par les maisons de disques et de rares diamants bruts taillés à même la roche. La rockeuse de 28 ans ne fait pas vraiment les choses dans la dentelle, mais plutôt comme elle l’entend. Ce qui pousse à dire qu’elle appartient à cette dernière catégorie.

Elle parle d’une voix rocailleuse, est blonde un jour, se teint en brune le lendemain. Comme toutes les filles, elle dissimule une certaine fragilité sous des abords assurés. Cependant, elle ne se gêne pas non plus pour afficher un côté résolument masculin. Ambitieuse, agressive et fonceuse: c’est en ces termes qu’elle se décrit.

Les notes de son dernier album, Trashy Saloon, sortent de la chaîne stéréo pour plonger la pièce dans des univers musicaux qui fleurent bon le rock pur et dur, mais aussi des ballades douces et sensibles. Ne reste plus qu’à tendre l’oreille et à écouter. On est alors séduit, inévitablement.

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C’est pour Tendre Sorcière, l’un des morceaux figurant sur son dernier album, qu’Anik Jean est nominée aux Much Music Video Awards qui auront lieu à Toronto le dimanche 18 juin prochain. La chanteuse se retrouve à concourir dans la catégorie Meilleur clip vidéo francophone, aux cotés d’artistes comme France D’Amour et Stéphanie Lapointe. En avril dernier, l’album Trashy Saloon était également en nomination aux Prix Juno, dans la catégorie Album francophone de l’année.

Portrait d’une artiste qui monte

Le vidéo-clip Tendre sorcière, l’image d’une fille hésitant entre le Bien et le Mal, est, au fond, le portrait en miroir d’une artiste qui, elle aussi, oscille entre deux pôles différents. D’un côté, une sensibilité à fleur de peau qui s’exprime au travers de textes où filtrent des émotions intenses, parfois même, des appels au secours. De l’autre, des mots crus et durs qui viennent clamer tout haut ce que bon nombre de filles pensent tout bas, mais n’osent pas dire, par pudeur, par peur aussi.

«Dans l’album, les ballades ont ce côté féminin, les chansons heavy, c’est plus le côté masculin. D’ailleurs, il y a certains gars qui sont venus me voir par la suite pour me dire que j’écrivais comme un gars. Pour moi, c’était important de toucher le monde», estime à ce sujet la chanteuse, rejointe depuis Montréal.

«J’écoute mon album comparativement à ce tout qui se fait au Québec. Ça a vraiment pas rapport. Je me sens un peu comme une extraterrestre. Je sais que ce n’est pas ce qui se fait d’habitude, mais c’est ce que moi j’aime. Je n’ai pas non plus écouté une compagnie de disques pour me dire quoi faire. J’ai vraiment écrit ce qui sortait de moi», lance-t-elle d’un trait.

En 1998, une rencontre, à la fois fortuite et providentielle, avec Jean Leloup, dans le hall d’un hôtel en Beauce, a débouché sur une amitié durable. Cette dernière sera, à son tour, venue ouvrir la porte à une collaboration professionnelle longtemps attendue. En 2005, l’album Trashy Saloon est né de cette rencontre. Il a permis à Anik Jean de trouver, à 27 ans, sa véritable voix.

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Un album en compagnie d’un grand de la chanson

«On a bien travaillé ensemble. Côté écriture, ca a été vraiment facile, naturel, ca sortait tout seul, se souvient l’artiste. Travailler avec Jean Leloup, c’était comme un voyage. C’est quelqu’un de super inspirant. Au-delà de la musique, il a toujours été là pour moi, à des places importantes, pas juste pour l’album, mais dans la vie en général. Il fait désormais partie de moi», dit-elle avec sincérité.

En studio, ce qui s’est avéré moins facile fut le fait d’écrire des chansons dans la langue de Molière. Sur ce premier album, la jeune artiste signe ou co-signe quatre titres, Le Trashy Saloon, Amour Absinthe, Haine, Tendre sorcière, écrits partiellement ou entièrement en français.

Bien que née à Montréal et ayant vécu en Gaspésie par la suite, la rockeuse a composé ses chansons en anglais. Elle est d’ailleurs partie vivre pendant quatre ans à Los Angeles. Selon ses dires, la scène québécoise ne laissait pas la chance de percer aux artistes comme elle.

«Je n’avais jamais voulu écrire en français, parce que la langue française est une langue complexe. Il faut que cette dernière soit vraiment bien travaillée, confesse l’artiste au détour d’une conversation. Si l’on ne fait pas attention à la prononciation, ça sort tout croche dans beaucoup de chansons. Cependant, d’avoir à mes côtés le roi de la langue française, Jean Leloup, m’a beaucoup rassurée. Ma condition [pour écrire des textes en français] était d’avoir quelqu’un comme lui qui me montre comment mettre les mots à la bonne place pour que ça sonne bien.»

En première partie des Rolling Stones

En anglais comme en français, les mots d’Anik Jean ont bien sonné. À tel point qu’ils en sont arrivés aux oreilles des Rolling Stones. En janvier dernier, Anik Jean a assuré leur première partie de concert à Montréal. Elle en parle encore aujourd’hui avec une voix remplie d’excitation.

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Depuis ce spectacle aux cotés des Stones, tout roule pour elle. Les choses suivent leur cours naturel, sans trop d’efforts, comme le flot tranquille d’une rivière, serait-on tenté de dire, un parcours sans incident majeur.

La jeune fille vit sa passion au jour le jour et continue de travailler dur. «Je suis obsédée par la musique. J’en fait à chaque jour, c’est ma drogue et je ne vis rien d’autre. Sans la musique, je ne serais pas sur la terre. C’est quelque chose de super important», laisse-t-elle échapper.

À quant donc, une future conquête du marché canadien-anglais, la Ville-Reine en tête? En voyant les titres anglais qui figurent sur son album, la chanteuse pourrait largement se le permettre.

«Je vais rencontrer pas mal de monde quand je vais descendre aux Much Music Video Awards, de commenter la principale intéressée. Pour moi, Toronto, c’est une autre porte qui s’ouvre. Je suis vraiment contente d’y aller et d’être en nomination», conclut-elle.

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