Une révolution qui a eu des échos chez nous 

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Publié 21/07/2009 par Yvan Giguère

Il y a vingt ans, en 1989, une joyeuse bande de jeunes comédiens du Saguenay et moi présentions à Angoulême et ses environs, en France, un spectacle théâtral que j’avais signé. Le titre en était La Révolution Québécoise? 1789-1805, question de faire écho au bicentenaire de la Révolution française qui était célébrée en France.

Que racontait le spectacle? Grossomodo ce qui se passait entre 1789 et 1805 dans le Bas-Canada. Les échos de la Révolution française chez nous. La position du clergé et de l’élite en place. Y’a t-il eu des révolutionnaires qui ont voulu imiter nos cousins français?

Voilà une page de notre histoire peu connue, peu dévoilée et qui semble avoir été presque effacée, ignorée, dans nos livres d’histoire. Voilà pourquoi la question me semblait pertinente et voilà aussi pourquoi je fis des recherches à ce propos pour créer ma pièce de théâtre.

Heureusement, en 1989, il y a eu une exposition à Montréal, présentée à la Maison de la Culture Frontenac, de documents d’archives en lien avec cette période trouble et d’écrits qui racontaient de façon sommaire, mais somme toute bien argumentés, des moments et des anecdotes reliés à des faits et gestes surprenants qui se sont produits dans le Québec d’alors où les francophones se nommaient Canayens français.

Sous la tutelle anglaise et celle du clergé de l’époque, la population française du Bas-Canada était étroitement surveillée par nos élites. Heureusement qu’il y avait les journaux qui rapportaient des faits et qui passaient en cachette, de main en main.

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Cependant il fallait parfois six mois avant de recevoir ces nouvelles. Faut dire que nos hivers froids ralentissaient considérablement les voyages en bateaux vers les deux Canada. Mais tous finirent par apprendre la prise de la Bastille et que le bon Roi Louis XVI et Marie-Antoinette avaient été guillotinés.

La nouvelle fut accueillie ici avec consternation. Nos monseigneurs de l’époque dénoncèrent, lors de leurs sermons, ces assassins républicains. On fit des pieds et des mains pour éviter toute propagation d’idées révolutionnaires ici dans la population.

Mais bien que la plupart des Canayens français trimaient dure à défricher leurs terres en tant que paysans, certains avaient l’oeil ouvert et mijotaient, en secrets, des actions révolutionnaires.

Ce qui inspira cette chanson: «Les paysans font ce qu’ils peuvent / Pour récolter le blé des champs / On a beau les dire ignorants / Certains d’entres-eux ont leurs manoeuvres / Et puis gardent l’oeil ouvert / Sur la vieille patrie française / La révolution tissent les rêves / Et alimentent les commentaires».

Et il y a ce défricheur de l’époque, un peu plus instruit que ses confrères de travail et le seul à pouvoir lire le journal et à raconter à sa façon colorée, les péripéties de la révolution et ce qu’elle lui inspire, malgré le fait qu’il soit perdu dans le grand Nord du pays à couper des arbres.

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Voici un extrait de son discours devant ses confrères de travail: «J’ai ben beau être cloisonné dans la forêt du grand Nord du Bas-Canada, mais j’ouïs-dire de ce qui se brasse là bas chez nos cousins français. Pis y’a rien de surprenant là-dedans vous savez. Ça fait un sapré bout temps que j’le sais que les français, dignent de ce nom, ne se peuvent plus et qu’ils ont soif de justice et de liberté. J’veux pas faire de comparaisons, moé là, mais j’ai ben l’impression qui va se passer de grands bouleversements, si ça continu, ici même dans le Bas-Canada. Parce que les Canayens français n’en peuvent plus d’la domination à l’anglaise».

Et la femme de notre défricheur de forêt, Toinette (!), qui fumait la pipe, avait en estime toutes ces milliers de femmes françaises qui avaient marché jusqu’à Versailles pour réclamer du pain au roi de France.

Les spectateurs français furent grandement étonnés d’apprendre que leur révolution avait eu des échos jusqu’au Canada, et que cette page de leur histoire avait aussi quelque peu influencée la nôtre. Mais faut dire que de notre côté, il aura fallu attendre quelques décennies pour que la notion de révolution obtienne un tant soit peu ses lettres de noblesse avec la rebellion de nos Patriotes.

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