«Le fait que les sénateurs puissent être nommés – et ils le sont quelquefois – pour des mandats de 15, de 30, voire de 45 ans n’est tout simplement pas acceptable pour la collectivité canadienne du XXIe siècle», déclarait le Premier ministre le 7 septembre, devant un comité sénatorial.
Mais, réduire à huit ans la durée du mandat des sénateurs suscite des réactions contradictoires. Certains sénateurs déclarent que la proposition du Premier ministre est inconstitutionnelle. Ils se fondent sur un avis de 1979 de la Cour suprême du Canada. Elle avait déclaré que le Parlement pourrait apporter des changements au Sénat sans rouvrir la Constitution, si ceux-ci n’affectaient pas les «caractéristiques essentielles» du Sénat.
Sinon, il lui faut l’appui de sept provinces représentant 50% de la population. Pour eux, dont le sénateur libéral Serge Joyal, auteur de «Le Sénat, incarnation du principe fédéral» (dans: Protéger la démocratie canadienne: le Sénat en vérité, Montréal, 2003), ramener cette durée maximale à huit ans constitue une atteinte à l’une des «caractéristiques essentielles» du Sénat.
Par contre, d’autres sénateurs, juristes et professeurs, comme le constitutionaliste et sénateur à la retraite Gérald-A. Beaudoin, sont d’avis que la Loi constitutionnelle de 1982 le permet. Mais il faut encore que le projet de loi du gouvernement soit adopté par la Chambre des communes, puis par le Sénat lui-même, ce qui ne va pas de soi.
« C’est la phase 2, l’élection du Sénat, qui est difficile! Plusieurs disent que tout est bloqué, qu’il faut abandonner, que c’est sans issue. Quelques provinces parlent de l’abolition du Sénat. Ce serait une erreur. Le Sénat permet d’améliorer la législation. C’est déjà énorme! Les comités sénatoriaux sont très efficaces et très utiles», de dire G-A. Beaudouin.