«Une langue et une société ne peuvent s’épanouir uniquement par la traduction. Si l’on veut briser le cercle de la traduction à sens unique au sein de l’administration fédérale et réaliser une véritable égalité des langues au Canada, il faut que le bilinguisme s’exprime de diverses autres façons.»
C’est la conclusion à laquelle arrive le professeur Jean Delisle dans la communication intitulée «La traduction dans l’utopie du bilinguisme officiel depuis la Confédération» qu’il a présentée le 5 mars dernier dans le cadre du colloque annuel du Centre de recherche en civilisation canadienne-française (CRCCF) de l’Université d’Ottawa.
«Il faudra toujours beaucoup traduire au Canada pour accomplir les promesses du bilinguisme… Il est paradoxal, et en même temps réconfortant, que ce soient les traducteurs eux-mêmes qui nous rappellent qu’une politique égalitaire de bilinguisme ne saurait reposer uniquement sur la traduction. On aurait tout intérêt à les écouter.»
Rappelant que deux lois portant spécifiquement sur la traduction ont été adoptées au pays, la première en 1841, la seconde en 1934, M. Delisle fait état des débats qui ont eu lieu non seulement sur la traduction mais aussi au sujet de l’interprétation parlementaire.
Il estime que le logiciel de traduction automatique, nommé «Portage», transformera à partir du 1er avril prochain 350 000 fonctionnaires en traducteurs, y compris les unilingues, ce qui est carrément un non-sens. «Ce logiciel ne va pas pousser le curseur du côté de la qualité de la langue. »