Roberval! En dehors d’une agglomération québécoise, ce nom ne dit pas grand-chose à la plupart des francophones du Canada. C’est cependant le nom d’un pionnier français en terre d’Amérique, oublié, éclipsé peut-être par celui de personnages prestigieux comme Cartier, Champlain, Frontenac. Et pourtant, Roberval mérite d’être connu et reconnu.
Jusqu’à présent, il n’y avait pas grande documentation disponible pour nous parler de lui, en dehors d’une notice dans le Dictionnaire biographique du Canada.
Mais grâce au travail d’un historien de réputation, voici que Roberval sort enfin de l’ombre dans une superbe biographie, complète et documentée: Bernard Allaire, La rumeur dorée, Roberval et l’Amérique, Montréal, Éditions La Presse, 2013, 160 p. De nombreuses illustrations en couleur et des cartes agrémentent les pages.
Il faut tout d’abord situer Roberval dans les premières péripéties de l’histoire de la Nouvelle-France, car, par suite de confusions ou de mauvaises interprétations fortuites ou intentionnelles, on l’a souvent mal situé, vu son intervention comme un échec, et mal compris son rôle différent de celui de Cartier arrivé sur les côtes canadiennes avant lui. C’est en particulier ce qui a nui à Roberval.
Les expéditions
Bernard Allaire précise donc ce point important dès les premières pages de son ouvrage. «Les expéditions européennes en Amérique peuvent se diviser en deux catégories: dans la première figurent les premières vagues où on effectue une mission de repérage sous la direction de géographes ou d’individus motivés par les objectifs les plus divers. La seconde catégorie rassemble des hommes partis à la conquête de nouvelles terres et qui visent à en répertorier les ressources, à connaître leurs confins, à soumettre leurs habitants par la conciliation ou la force.»