Une météorite gigantesque pourrait avoir frappé le Québec

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Publié 03/09/2013 par Bob Weber (La Presse Canadienne)

à 18h10 HAE, le 2 septembre 2013.

EDMONTON – Quelque part sous les forêts, le sol et la couche rocheuse du sud du Québec se cachent des traces d’un gigantesque impact de météorite si catastrophique qu’il a contribué à modifier le climat de la planète et à changer l’histoire de l’humanité.

Voilà du moins ce qu’avance le géochimiste de l’Université de Dartmouth Mukul Sharma dans une étude récemment publiée, ce qui pourrait mener à une explication de l’un des épisodes les plus étranges de l’histoire de la Terre.

«Toute cette idée est controversée, dit le chercheur. Il existe une corrélation entre un événement climatique et une météorite, mais quelle en est la cause? Comment cela s’est-il déroulé?.»

M. Sharma a longtemps été fasciné par une période, il y a environ 13 000 ans, appelée le Dryas récent, lors de laquelle la planète a soudainement renversé une tendance au réchauffement et plutôt déclenché un refroidissement qui se poursuivra pendant plus d’un millénaire.

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Des mammifères nord-américains de l’ère glaciaire, des chameaux aux paresseux terrestres, en passant par les tigres à dents de sabre, ont disparu. Les anciens humains ont dû laisser de côté les lances à mastodontes et apprendre à survivre en se nourrissant de racines, de baies et de petit gibier _ et peut-être même passer à l’agriculture.

«Il s’agit d’un événement abrupt alors que la terre commençait à se réchauffer, a dit M. Sharma. Soudainement, le climat change de nouveau pour offrir des conditions particulièrement froides, demeure ainsi pendant 1400 ans, avant de revenir à un réchauffement.»

Pourquoi?

Certains scientifiques ont émis l’hypothèse que cela serait lié à l’effondrement d’un gigantesque barrage de glace formé par les glaciers qui battaient en retraite, ce qui a relâché une énorme quantité d’eau douce froide, troublant ainsi les courants océaniques et renversant les tendances climatiques. D’autres croient qu’un autre facteur a également dû jouer — peut-être une série d’importants impacts de météorites.

Des restes de ce qui pourraient être des météorites remontant au début du Dryas ont été découverts. Mais — peut-être parce que la majorité de l’Amérique du Nord était recouverte par les glaces à cette époque — aucune preuve d’un véritable impact n’a été retrouvée.

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Jusqu’à ce que M. Sharma s’en mêle.

Accompagné de ses collègues, le chercheur a commencé à examiner de petites pierres semblables à des billes découvertes en Pennsylvanie et au New Jersey, et qui datent du début de la période du Dryas. Ces «sphérules» contenaient des minéraux n’ayant pu être produits qu’à l’aide d’une chaleur extraordinaire.

«Le seul endroit où vous pouvez fabriquer ces matériaux, sur la surface de la terre, est dans un haut-fourneau, affirme M. Sharma. Et pas n’importe où dans un tel fourneau… dans la partie la plus chaude.

«Il est clair que ces objets ont été produits par la boule de feu d’un impact.»

De plus, M. Sharma a constaté que les «sphérules» ne provenaient pas seulement de cet endroit. La combinaison des isotopes qu’elles contenaient correspondait étroitement à celle de régions du sud du Québec, le long du fleuve Saint-Laurent.

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Le scientifique a ainsi découvert des preuves d’un impact de météorite si puissant que l’objet stellaire a pu traverser plus d’un kilomètre de glace et conserver suffisamment d’énergie pour générer des températures de l’ordre de 1700 degrés Celsius, produire un énorme champignon dans le ciel et projeter des débris sur une bonne partie du continent.

Cet événement, peut-être combiné à d’autres impacts survenus approximativement à la même époque, auraient pu déstabiliser suffisamment le climat pour contribuer aux soubresauts du Dryas récent.

Le fait que le cratère lui-même n’ait jamais été trouvé n’a d’ailleurs pas d’importance. Il pourrait reposer sous un épais lit de sédiments laissés sur place lors du recul des glaciers, a suggéré M. Sharma.

Des cratères dans cette région sont encore découverts, y compris un situé à Sept-Îles, mis au jour en 2001, et qui remonterait au début du Dryas récent.

«Est-il possible qu’il existe une structure ayant été enterrée et qui n’a pas été découverte?, s’est demandé M. Sharma. Toutes ces choses sont possibles.»

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Il admet toutefois que sa découverte ne prouve pas que des météorites aient provoqué le soudain refroidissement de la planète. Celle-ci porte néanmoins à croire qu’il existait au moins un événement majeur affectant l’atmosphère, événement qui s’est produit vers la même époque.

«Le Dryas récent est un événement intéressant.»

«Certains diront qu’il s’agit d’un événement hors de l’ordinaire. Si tel est le cas, il pourrait être lié à un genre de météorite, ce qui n’arrive pas tous les jours.»

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