Si le Nigeria était au bord du golfe du Mexique, les environnementalistes ne parleraient que de lui ces jours-ci, et la compagnie pétrolière serait blâmée par le gouvernement pour sa négligence.
La fuite de 4 à 5 millions de litres de pétrole qui s’est produite en mer le 20 décembre était la pire en 13 ans, selon Reuters. Elle provenait d’une plateforme exploitant le gisement sous-marin Bonga, à 120 km de la côte du Nigeria.
Mais c’était aussi une fuite de plus à ajouter à une liste déjà longue. Tellement longue que, selon une évaluation d’Amnistie Internationale, cette liste représenterait le double des dégâts survenus en 2010, au large de la Louisiane (500 millions de litres de pétrole).
La compagnie Shell a affirmé le 1er janvier que les opérations avaient repris en mer et que les dégâts étaient à présent nettoyés. Les pêcheurs et villageois locaux affirment de leur côté que le pétrole continue d’être rejeté sur leurs rivages. Peu de médias internationaux sont sur place pour vérifier.
Mais peu d’écologistes aussi. Le fait que cette marée noire ait atteint les écrans radars des journaux ces dernières semaines tient à son ampleur. La plupart du temps, la pollution locale n’a même pas droit à cette publicité.
C’est qu’en plus des marées noires, les pipelines qui traversent le delta du fleuve Niger ont fui à plusieurs reprises: au moins 7000 fuites depuis 1989.