Une maison face au Nord au TfT: histoire humaine et touchante

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Publié 03/03/2009 par Guillaume Garcia

Une vie d’idéologie, une vie passée à parcourir sa région pour travailler sur les chantiers et faire tourner sa petite entreprise, une vie où il a vu ses enfants partir un à un vers la grande ville qu’est Montréal. Henri se retourne sur sa vie et constate, ce qu’il a fait, et surtout ce qu’il n’a pas fait. A quoi aura servi son existence? Il voulait léguer ce qu’il avait reçu voir un peu plus si possible. Une maison face au Nord brosse un tableau de vie, la vie dans la région du Saguenay-Lac St-Jean, sous un climat hostile à l’homme, mais une vie plein de découvertes, rencontres et de personnages honnêtes et fiers.

Henri et sa femme ont trois enfants. Tous sont partis pour vivre en ville et ne se rappellent des parents qu’au moment des fêtes, qui font simplement leur «devoir» de bons fils et filles. Le petit entrepreneur et sa femme vivent bon an mal an, une vie où le bonheur se cache et où l’amour doit se deviner. Honnête mais au caractère bien trempé, Henri sait que l’heure de la retraite approche, l’heure des bilans aussi.

Guatémalquoi?

Deux personnages vont venir à la rencontre d’Henri, de manière complètement fortuite. Ils vont le faire réfléchir, se poser des questions et se remettre en question. Tout d’abord, Henriquez, un Guatémaltèque qui a émigré à Chicoutimi. Pour Henri, personne n’a de raisons valables de venir dans cette région, pour lui, les immigrés arrivent à Montréal et y restent. Les différences de cultures pimentent l’expérience que ces deux là vont connaître.

Henri est un vieux bonhomme, qui aime se retrouver seul pour penser, pour regarder son pays. Il se rend souvent sur «sa montagne», pour contempler sa région et s’allonger quelque moments. Sauf que ce jour là, quelqu’un vient déranger sa petite retraite. Mais qui est donc ce drôle de personnage parlant français avec un fort accent anglais? Un Anglais sur son terrain, Henri n’aime guère cette idée… Il n’ en faut pas beaucoup pour que les masques tombent et que les vieilles rancunes, et rancoeurs, sortent.

Guy Mignault, directeur du TfT et comédien principal de la pièce, sait mettre en valeur les tiraillements d’Henri, la complexité du personnage créée par l’auteur. Le vieux bougre, borné va se laisser un peu amadouer et va laisser tomber sa carapace, en quelque sorte. L’intrigue est relevée par des histoires de famille qui surviennent au moments cruciaux, ce qui rajoute un peu de noir à broyer pour Henri et sa femme.

Mise en scène ingénieuse

Le public se prend au jeu et rentre completement dans le monde des comédiens. Participant, par ses rires ponctuants les répliques, à la réussite de la première représentation de la pièce au TfT le 27 février, le public peut véritablement sentir les lieux où se déroulent l’action grâce à l’équipe de la mise en scène qui a inventé un décor très ingénieux pour Une maison face au Nord, qui permet de montrer à la fois le côté maison de la pièce, lors des discussion d’Henri et de sa femme, et s’ouvre sur la montagne pour les rencontres entre Henri et son «chum» d’Alberta.

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Beaucoup de gens peuvent se retrouver dans les personnages de la pièce, et peut être comprendront qu’Henri commence à s’ouvrir aux autres à l’heure où il dresse le bilan de sa vie. Sa remise en question lui permet d’apprécier l’autre, celui qui ne lui ressemble pas. Je retiendrai une image: Alors qu’Henri fixe son monde, sa région sur la pointe des pieds, dressé sur «sa montagne», on a envie de lui dire de se retourner, pour lui faire voir l’autre côté.

Regarder ailleurs

Bien sûr chacun a ses idées, sa vision des choses et c’est souvent très difficile de regarder dans l’autre sens. Pourtant, il y a souvent des choses au moins aussi intéressantes à voir, elles s’offriront à qui saura les regarder, et Henri, au fur et à mesure, parvient à les voir.

Parviendrez-vous à faire ce qu’Henri réussit à la fin de sa vie, à savoir: regarder ailleurs, du côté qui vous fait peur, qui vous met mal à l’aise et vous pousse dans vos retranchements? N’attendez pas l’heure du bilan pour vérifier.

Une maison face au Nord est présentée jusqu’au 8 mars 2009 au théâtre Berkeley, 26 rue Berkeley. www.theatrefrancais.com

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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