Le mot grève est désormais très répandu. Le plus cocasse est qu’il tire son origine d’un contresens. Le mot vient du gaulois grave, qui désignait du gravier. Il avait donné son nom, au XIIe siècle, à une place de Paris, en bord de Seine, couverte de sable. Les ouvriers sans travail s’y rassemblaient pour en chercher, ils allaient «en grève» dans ce but.
Ce n’est qu’au XIXe siècle qu’est apparue l’expression faire grève, au sens moderne du terme, cesser de travailler.
Mais cette manifestation sociale se perd dans la nuit des temps, et elle a eu des retombées tout aussi imprévisibles qu’impressionnantes. C’est ce que nous conte un ancien texte mésopotamien.
Un texte célèbre
C’est le Poème d’Atrahasis ou Supersage, un texte de 1200 lignes, de 1700 avant notre ère, en écriture cunéiforme, retrouvé sur trois tablettes d’argile. «C’est l’exposé le plus connu des idées que les hommes se sont fait touchant leurs propres origines et le sens de leur existence», explique l’assyriologue Jean Bottéro dans Mésopotamie.
Le récit explique que les dieux étaient à l’origine divisés en deux groupes: les dieux secondaires travaillaient pour les grands dieux, qui vivaient dans l’oisiveté. «Ils étaient de corvée et besognaient, énorme était leur besogne, leur corvée lourde, infini leur labeur», dit le texte.