Sujet de passion par excellence, la Seconde Guerre mondiale cultive les mythes, les polémiques et les affrontements entre historiens réputés et simples passionnés d’histoire. François Delpla figure dans le premier groupe et il vient de publier un Petit dictionnaire énervé de la Seconde Guerre mondiale où il passe en revue les acteurs clés et les moments charnières de cette période. Son regard intransigeant et sa capacité d’écrire à rebrousse-poil donnent une relief particulier à son ouvrage.
Les articles de ce dictionnaire ont, en moyenne, entre une et trois pages. En prenant la forme de programmes de recherche, ils rappellent les acquis, dissipent les préjugés et balisent le probable comme le possible. Parmi les entrées: Appel, Débarquement, Hitler, Gestapo, Kamikaze, Nuremberg, Pétain, Reich, Schindler, De Gaulle, Churchill, Auschwitz, Eva Braun, Pearl Harbor, Suisse, Staline, Pie XII, Richard Wagner…
Pour vous donner une idée du ton qui anime ce Petit dictionnaire énervé, j’ai choisi une dizaine de noms et pour chacun d’eux j’ai extrait une ou deux phrases. Vous constaterez que, avec la force des mots et la précision des faits, la Seconde Guerre mondiale devient un sujet de rêve pour la collection des petits dictionnaires énervés…
Churchill, Winston – L’immense majorité des proses le concernant réduisent son mérite au fait d’avoir maintenu l’Angleterre en guerre après la chute de la France. Mais c’est jusqu’au bout qu’il montra le chemin, parce que les voies de garage restaient nombreuses et tentatrices.
Hiroshima et Nagasaki – Deux villes qui sont un bluff: les Américains font mine de pouvoir détruire une à une les métropoles japonaises, y compris Tokyo, alors que la quatrième bombe ne pourrait être produite avant plusieurs mois. Mais l’effet recherché est atteint: après avoir dénoncé la barbaries d’Hiroshima, le gouvernement japonais cède au lendemain de la destruction de Nagasaki et l’empereur parle à la radio, chose inédite, pour engager ses sujets à supporter l’insupportable.