Un univers où le loup mange le loup

livre
Michael Connelly, Incendie nocturne, roman traduit de l’anglais par Robert Pépin, Paris, Éditions Calmann-Lévy, 2020, 486 pages, 32,95 $.
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Publié 21/02/2021 par Paul-François Sylvestre

Un mec se trouve au mauvais endroit au mauvais moment et se fait abattre dans une ruelle où on vend de la drogue. Rien de bien compliqué… à première vue.

Dans Incendie nocturne, le spécialiste américain du polar, Michael Connelly, fait de ce fait divers une étrange affaire non résolue depuis plusieurs années.

Harry Bosch et Renée Ballard

L’inspecteur à la retraite Harry Bosch et l’inspectrice Renée Ballard unissent leurs talents pour éclaircir ce qui devient plus qu’un simple crime.

S’il vaut mieux avoir recueilli tous les éléments de l’histoire, il arrive parfois que plus on en sait, plus on découvre des choses qui ne cadrent pas avec les données accumulées dans le livre du meurtre.

Le livre du meurtre se compose d’abord d’une chronologie dressée par les policiers qui ont mené l’enquête, puis des diverses pièces versées au dossier. À sa retraite, le mentor de Bosch a fait disparaître le livre du meurtre d’un jeune homme abattu dans une ruelle coupe-gorge de Los Angeles.

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Los Angeles

Sans ses néons et ses lumières scintillantes, Los Angeles est un lieu de proies et de prédateurs.

Les nantis sont confortablement installés derrière leurs portes fermées à double tour, et ceux qui n’ont rien rôdent dans les environs; ce sont «d’amarantes humaines que chassent les vents du destin».

Harry Bosch a depuis longtemps appris qu’il faut toujours prendre une affaire personnellement; «ça te fout en colère et ça allume un feu en toi qui te donne le tranchant dont tu vas avoir besoin pour tenir la distance».

Il en vient à se demander si l’affaire a été enterrée pour une raison qui n’a rien à voir avec le crime.

Amours interdits

Le livre du meurtre a-t-il disparu pour éviter que le Los Angeles Police Department apprenne que le fils du mentor de Bosch était un drogué, ou un ancien truand, ou un homosexuel tombé amoureux d’un membre de gang…? Le document, remis par la veuve du mentor, avait-il disparu pour que l’affaire ne soit jamais résolue…?

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Dans ce polar où deux autres enquêtes se greffent à l’affaire non résolue, Michael Connelly jette un peu de lumière sur une facette peu souvent explorée, soit les amours interdites.

En taule, il y a des prisonniers qui font ce qu’il faut, sexuellement, mais une fois dehors, c’est une autre histoire. Ils passent des relations homosexuelles à la haine des gais.

«Ça se voit tout le temps. C’est du déni.» Si les amours interdites existent en prison, cela menace la position et le pouvoir à l’extérieur. «Avoir une réputation de gai, personne ne veut de ça dans un gang. Tu te traînes ça, t’es foutu.»

Policier et policière

Connelly note aussi que si un policier demande du soutien psychologique, il est fort courageux. Mais si une policière fait de même, elle est qualifiée de faible. L’auteur décrit bien aussi comment on peut être né dans un univers où le loup mange le loup, puis devenir de la viande.

Enfin, on trouve ici et là des remarques sur la relation de Bosch avec sa fille, de même que des clins d’œil au chien de Ballard. Leur présence dans le décor ajoute une touche légère à une intrigue complexe et compliquée.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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