Entendons-nous sur une chose: le mot «force» est un mot courant de la langue française. On l’utilise fréquemment, dans ses sens les plus courants. Mais le mot réserve aussi quelques surprises. Il lui arrive même de se travestir en adverbe de quantité.
L’idée de parler du mot «force» m’est venue à la suite d’une interrogation de la part de collègues de la salle de rédaction du Nouvelliste, où je travaille. Souvent, les questions linguistiques, orthographiques ou grammaticales donnent lieu à des échanges animés, qui débouchent sur une recherche frénétique dans les ouvrages de référence.
Dernièrement, un collègue des sports a utilisé l’expression «force m’est d’admettre que j’avais tort». Le préposé au pupitre n’était pas convaincu qu’on pouvait insérer un pronom personnel comme le «m’» dans une expression comme celle-là. Selon lui, le journaliste aurait dû se limiter à écrire: «Force est d’admettre que j’avais tort».
En fait, les deux ont raison. Puisqu’il y a une conjugaison au «je» qui suit l’expression, il n’aurait vraisemblablement pas été nécessaire d’insérer le pronom «m’» dans «force m’est d’admettre». En même temps, ce n’est pas fautif. On peut vouloir renforcer l’intention de l’auteur qui est de faire un mea culpa.
Le Robert explique, parmi les locutions avec le mot «force», que l’expression «force est de» suivie d’un infinitif signifie «il faut» ou encore «on ne peut que». Comme dans «force est de constater que…» ou encore «force est de reconnaître que…». Mais on ajoute, dans les exemples donnés, la construction suivante : «Force lui fut de reconnaître qu’il avait tort». On insère donc bel et bien un pronom personnel, dans ce cas-ci «lui».