Un site Internet veut démocratiser l’accès à la musique sur scène

Les grands noms de l’industrie régulent l’afflux de tubes pré-formatés, selon des règles marketing bien définies, plus souvent au mépris de la création artistique. Dans cette jungle artistique, il est parfois difficile de se faire entendre tout en conservant une totale autonomie. Mais depuis la mi-avril 2006, un site Internet tente de se faire la passerelle entre les artistes, les organisateurs et le public: www.democrazik.com

Pour un jeune artiste indépendant qui ne dispose pas de l’appui des médias, il est peu évident de promouvoir sa musique. Le plus souvent, il faut en passer par les bars et restaurants locaux, avant que s’ouvrent les portes des petites scènes de proximité. Et là encore se pose un problème majeur: celui du financement des concerts. Car chaque représentation comporte le risque majeur de ne pas attirer suffisamment de public, faute de moyens dédiés à la communication.

C’est justement pour diminuer ce risque, permettre l’émergence d’une scène alternative francophone et assurer à terme sa pérennité que Lise Villeneuve, artiste francophone originaire de l’Alberta, a lancé Democrazik.com.

Ce projet, qui se veut une passerelle universelle, s’adresse aux artistes, aux diffuseurs de spectacles, mais aussi aux spectateurs, comme le précise sa conceptrice: «L’idée m’est venue par nécessité, comme solution au problème suivant: Comment permettre aux artistes indépendants de donner plus de spectacles rémunérés dans des conditions intéressantes? J’avais remporté le prix Charles-Trenet à Paris en 2003, en 2004 j’ai fait une tournée solo de mon spectacle en Asie et au Moyen-Orient avec les ambassades canadiennes, et à mon retour au Québec, même après ces succès, c’était toujours aussi difficile de jouer souvent et dans des conditions qui en valaient la peine. Je savais que la seule façon était de trouver une solution qui allait avantager tout le monde: les artistes, les diffuseurs et les fans.»

Pour et par des artistes

Et la solution envisagée par la Franco-Albertaine est la suivante: il s’agit en fait d’une billetterie interactive sur le web, qui propose aux visiteurs un système de prévente de places de concert via le net. Lorsque suffisamment de visiteurs ont acheté leurs places, la tenue du concert est officiellement annoncée.

Un système qui permet non seulement aux artistes d’avoir une plateforme médiatique pour promouvoir leurs sorties, mais qui élimine également le risque de salle vide auprès des diffuseurs.

Mais au-delà de l’intérêt pour les professionnels du milieu, le public s’y retrouve également, comme le souligne Lise Villeneuve: «Pour les fans, l’adhésion est gratuite et Democrazik.com leur permet de faire des découvertes musicales francophones, de gagner des billets de spectacles, en plus d’avoir le pouvoir de la sélection artistique qui détermine quel artiste aura la chance de jouer le plus souvent, selon le nombre de fans derrière lui prêts à assister à ses spectacles. Democrazik veut démocratiser l’accès à la musique live.»

20$ par année

Une intention louable, et qui demande forcément un lourd investissement personnel et financier. Mais ici encore, Lise Villeneuve a tenté de limiter au maximum la contribution des artistes et des diffuseurs: «Democrazik est un service que nous offrons au prix de seulement 20$ par année. Le portail est en quelque sorte l’intermédiaire entre des artistes qui offrent des spectacles et des diffuseurs qui en recherchent, mais qui ne veulent pas prendre trop de risques. Il ne faut donc pas les étrangler avec des coûts faramineux.»

Et depuis le 18 avril dernier, l’idée semble avoir séduit les acteurs du métier, puisqu’ils sont près de 300 à avoir rejoint cette communauté virtuelle, avec quelques artistes reconnus de la scène émergente comme Tricia Foster ou Monsieur Mono.

Des artistes qui, comme Lise Villeneuve, veulent avant tout préserver le concept d’unicité de la culture musicale francophone: «Nous voulons rester près de nos membres en créant un sentiment d’appartenance et nous voulons leur communiquer que Democrazik est un projet monté pour et par des artistes, pour améliorer notre situation. L’union fait la force et ensemble, notre voix est beaucoup plus puissante.»

Une voix qui se propage pour le moment par le biais discret du bouche à oreilles et par l’appui de quelques radios communautaires et web-radios partenaires.