Un secret trop lourd à révéler

Claire Ménard-Roussy, Raoul, tu me caches quelque chose, roman, Sudbury, Éditions Prise de parole, 2019, 230 pages, 24,95 $.
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Publié 07/03/2021 par Paul-François Sylvestre

On ne peut pas dire que le village de River Valley, dans le Moyen-Nord ontarien, soit bien connu. Ni le trappeur-bûcheron Raoul Denonville (1892-1970). Claire Ménard-Roussy lève le voile sur cette personne mystérieuse et son environnement dans un roman intitulé Raoul, tu me caches quelque chose.

Pendant la Première Guerre mondiale, pour éviter la conscription, plusieurs jeunes hommes se réfugient dans les bois, s’exilent même dans une autre province où personne ne les connaît. Ils prennent un autre nom pour passer inaperçu, deviennent trappeurs et bûcherons. C’est le cas d’un dénommé Raoul Denonville.

Se faire oublier

Cette personne n’a pas du tout le physique de ces métiers, mais réussit à abattre le travail et, surtout, à se faire oublier. Sa cabane dans la forêt entourant River Valley lui sert de refuge inviolable. Seuls l’énergique père Bradley et le jeune Dr Patenaude connaissent le secret que Raoul porte en lui et qui ne sera révélé qu’après sa mort…

Claire Ménard-Roussy a effectué une recherche minutieuse non seulement sur cet individu, mais également sur l’actualité sociopolitique de l’époque. Tout y passe: Règlement 17, Première Guerre mondiale, Dépression, Seconde Guerre mondiale, conscription, invention du skidoo, assassinat de Kennedy, drapeau canadien, Expo 67 et j’en passe.

Intrigue

La description du personnage principal et le développement de l’intrigue rappellent un peu le style de Doric Germain qui nous a donné des romans comme La Vengeance de l’orignal (1980), Le Trappeur du Kabi (1981), Poison (1985), Le soleil se lève au Nord (1991) et Défenses légitimes (2003).

Je ne suis pas certain que l’ouvrage de Claire Ménard-Roussy deviendra un incontournable dans le corpus scolaire franco-ontarien, mais il en a certainement l’étoffe.

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Quelque chose de grave

Je me garde de vous révéler le dénouement de l’intrigue, mais je peux vous dire que nous sommes en présence de «quelque chose de grave quelque part qui est arrivé. Ça aurait dû lui faire mal […] Une vraie vie de martyre.»

J’ajouterai cependant que, dans une conclusion très personnelle, l’autrice soulève un sujet d’actualité, mais qui demeurait méconnu à l’époque de Raoul Denonville, à savoir le refus de la binarité traditionnelle mâle-femelle.

Motivations secrètes

Le secret de Raoul Denonville a été révélé dans un article du North Bay Nugget le 1er avril 1971. Or, les raisons qui ont motivé ce secret demeurent mystérieuses. L’autrice espère que «plus cette histoire sera racontée, plus d’oreilles l’entendront», plus il y aura de chances de percer le mystère.

Nous n’avons probablement pas fini d’entendre parler de Raoul Denonville, de ce «quelque chose» qui est demeuré caché durant toute une vie…

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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