Gilles Dubois a publié une douzaine de romans, mais j’ai eu tort à mettre autant de temps à le découvrir. Mon initiation s’est faite avec son tout dernier titre, Tiriganiak, docteure au Nunavut. L’ouvrage jette un regard neuf sur les difficultés qu’éprouvent les communautés du Grand Nord canadien.
Sur l’île de Baffin
L’intrigue de ce récit mouvementé empreint de tendresse et de violence se déroule à Guviai Jaujuq, sur l’île de Baffin, entre 1995 et 2019. Tiriganiak est une chirurgienne métisse pilotant son propre avion, qui s’établit au Nunavut pour y ouvrir une clinique médicale.
Séparé des Territoires du Nord-Ouest, le Nunavut est devenu autonome le 1er avril 1999. Il y a quatre langues officielles: l’inuktitut, l’inuinnaqtun, l’anglais et le français. On parle quelque 28 dialectes.
Truffé de mots en inuktitut
Le roman est truffé de mots en inuktitut. Docteure se traduit, entre autres, par mikigap. Avion se dit tininngajuq et pilote, qangatasuqti. Un dialogue entre père et fille peut parfois ressembler à ceci:
«– Piulaangujuq, piugijara, prononça doucement la jeune fille. Tu es le meilleur de tous. Quel combattant tu fais!
– Et toi, petite beauté, tu mérites d’être appelée Nangiqtuq, “celle qui se tient debout”, la fille sans peur.»