ll allait neiger à Jérusalem. Marie suggéra de descendre dans la plaine, où on passerait Noël au chaud, dans ce qu’ils appelaient fièrement «leur maison de campagne».
Joseph, bon menuisier, l’avait bien retapée cette étable de Bethléem. Il l’avait désinfectée, désodorisé à l’encens laissé par Melchior, avait refait la charpente, la toiture, installé des toilettes, une grande salle d’eau, où Jésus venait prendre sa douche quand il descendait de Là-Haut, pour une petite visite.
Le Père n’avait jamais voulu moderniser, de crainte du péché. Si bien que Jésus était ravi des weekends passés chez Papa et Maman terrestres. Eux, ils enfourchaient leur bourricot, si peu vieilli, et étaient vite arrivés.
Marie lisait là, sans se cacher, des journaux subversifs, comme L’Express de Toronto et Le Canard Enchaîné. Parfois même Charlie Hebdo, que les cousins arabes n’aimaient guère. Jésus l’avait abonnée aussi au québécois Cité Laïque.
Mais elle revenait toujours à sa passion, la broderie au point de croix, qui lui rappelait des jours héroïques. Marie aimait bien inviter de temps à autres d’anciens apôtres, des saints de passage ou même des saintes femmes, dévergondées repenties. Elle avait exclu les anges et les archanges qui étaient trop bruyants avec leurs trompettes.