Un p’tit gars de Sept-Îles incarne la légende de Queen

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Publié 12/06/2007 par Magdaline Boutros

Lorsque le rideau se lève et que l’on entend Yvan Pedneault pousser sa première note, on a peine à croire que ce jeune Québécois qui tient le rôle principal de la comédie musicale We Will Rock You ne parlait pas un traître mot d’anglais il y a tout juste quelques mois.

Pendant deux heures et demi, le p’tit gars de Sept-Îles incarne le Galileo torontois, chantant et dialoguant dans la langue de Shakespeare sans la moindre hésitation. La critique le qualifie de «charmant» et louange sa voix au «pouvoir viscéral». Yvan Pednault est aux anges, «je n’ai pas de quoi me plaindre», répète-il.

Il faut dire que le jeune homme a connu une ascension fulgurante. Avant même sa sortie de l’École de théâtre musical de Montréal en 2005, Yvan décroche son premier rôle dans la comédie musicale Rent produite à Montréal. Dès la fin de son contrat, il est recruté dans la production Un éternel hiver de Lynda Lemay qui a sillonné l’Europe durant quelques semaines. Vient ensuite une période plus difficile où pendant dix mois, Yvan ne parvient à décrocher de rôle.

«J’attendais les auditions et les concours de chants. Quand j’ai vu l’annonce pour l’audition à Toronto, je me suis dit ‘’Je ne parle pas anglais, mais je vais y aller pareil pour prendre de l’expérience et sortir de mon salon pour me faire voir un peu’’», raconte le jeune chanteur.

Par chance, on lui demande d’abord d’interpréter une chanson avant de jouer une scène. Il séduit les juges. «Mais entre les deux tounes, quand ils ont vu que je ne parlais pas anglais, ils sont restés assez sceptiques», se souvient Yvan. Il est tout de même convoqué à une seconde audition, puis à une troisième qui se déroule cette fois à Toronto en présence de Brian May et Roger Taylor du groupe Queen. «Je me suis présenté en me disant que je n’avais rien à perdre et que même si je n’avais pas le rôle, j’avais la chance de chanter devant deux membres de Queen.»

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On connaît maintenant la suite. Le jeune Québécois se fait offrir le rôle principal. Une occasion rêvée de faire sa marque. Non seulement c’était la première fois qu’il jouait en anglais mais, de surcroît, c’était la première fois qu’il incarnait un premier rôle!

«Les producteurs ont pris toute une chance, admet-il tout de go en entrevue dans les bureaux de Mirvish Productions. Ma co-star a 20 ans (Erica Peck). Ils l’ont sorti de l’école pour faire ce show-là. Et le gars qui a le rôle principal ne parle même pas anglais!»

Mais rapidement, la réalité du métier le ramène les deux pieds sur terre. «À partir du moment où j’ai su que j’avais la job jusqu’à la première, je n’ai pas dormi!», souligne-t-il un sourire dans la voix.

En plus de répéter avec le reste de la troupe, Yvan a travaillé d’arrache-pied pendant plusieurs semaines avec une spécialiste de réduction d’accent. Le résultat est très impressionnant. Mais on dénote tout de même cette petite touche frenchy dans plusieurs de ses répliques.

Pour tirer profit du bilinguisme de son jeune premier et peut-être aussi pour se protéger de certains commentaires disgracieux, le metteur en scène décide de jouer le tout pour le tout en incluant quelques répliques en français dans la comédie. C’est donc dans la langue de Molière que Galileo fait sa déclaration d’amour à Scaramouche! Un beau moment de théâtre sur une des principales scènes torontoises! Mais un véritable casse-tête pour les remplaçants d’Yvan dans le rôle de Galileo!

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L’histoire de We Will Rock You se déroule en l’an 2302. La planète est gouvernée par la Killer Queen qui a complètement banni la musique ainsi que tous les instruments de musique de la surface de la Terre. Pourtant, Galileo entend constamment des paroles de chansons dans sa tête. Accompagné de Scaramouche, sa copine, il ira à la rencontre des bohémiens qui attendent l’arrivée de celui qu’ils nomment le rêveur – the dreamer – et qui pourra retrouver les instruments de musique enfouis du groupe légendaire Queen.

Bâti de manière similaire à la comédie musicale Mama Mia inspirée des chansons d’Abba, We Will Rock You reprend trente-et-un des plus grands succès du groupe Queen.

Bien que la critique ait salué la performance d’Yvan Pednault, l’ensemble de la production a reçu des commentaires plutôt mitigés de la presse torontoise. La faiblesse des dialogues et de la mise en scène a été maintes fois soulevée. «Je m’y attendais, soutient Yvan. Ce n’est pas vraiment une comédie musicale dans le sens classique du terme. C’est un show comique avec de la musique rock ou un show rock avec des scènes comiques. Ce n’est pas du Shakespeare, ni du Molière et on ne veut pas résoudre les grands problèmes de la vie avec ce show. On veut juste que les gens qui viennent nous voir s’amusent et qu’ils oublient leurs problèmes à la porte.»

La critique avait également été sévère à Londres. Mais confondant tous les sceptiques, We Will Rock You avait tenu l’affiche pendant cinq ans. À Toronto, on sait déjà que We Will Rock You restera à l’affiche tout l’été jusqu’au début du mois de septembre. La possibilité d’effectuer une tournée nord-américaine est même discutée.

Malgré tous ces impondérables, une chose demeure certaine: non seulement Yvan Pednault prouve soir après soir ses talents de chanteurs et de comédiens sur la scène du Canon Theatre, mais il a su démontrer à l’équipe de Mirsvish Productions, l’un des plus grands producteurs de comédie musicale au pays, sa détermination et sa persévérance en passant en quelques semaines d’unilingue francophone à tête d’affiche d’une des plus grandes comédies musicales en anglais du pays!

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