Né à Vanier trente ans passés, Alain Savary est un investisseur et maintenant un romancier. Finance et littérature ne sont pas mutuellement exclusifs, loin de là. Le grand détour pour traverser la rue a tout l’air d’une autofiction, mais c’est un roman que Savary a choisi d’écrire, un brillant roman!
Le narrateur, jamais nommé, raconte sa vie de «J’ai 13 ans» à «J’ai 30 ans». Abandonné par sa mère et vivant avec un père qui dépend du bien-être social, il rêve de traverser la rue pour passer de Vanier à Parc Rockcliffe, du quartier pauvre au quartier riche d’Ottawa. «À Vanier, tout est petit, tassé, croche.»
Regard acéré sur son milieu
Le narrateur-écrivain pose un regard acéré et lucide sur son milieu et sur les gens qui croisent sa route dans ce roman écrit à la première personne. Le grand détour pour traverser la rue est l’odyssée d’un jeune homme prêt à tout pour s’inventer une vie meilleure.
À 14 ans, le narrateur écrit qu’un garçon lui fait remarquer sa beauté, l’embrasse et ajoute que, une fois la puberté passée, «on sera encore plus copains». À 17 ans, un homme marié et père de famille l’initie à l’amour, «tendre, caressant, pénétrant». Dès cette séduction, l’ado apprend que «le sexe sert à se calmer les nerfs».
Du monde bizarre
Il aime l’école secondaire car on y rencontre du monde bizarre (profs) et des mots étranges. Cela le fait penser, le fait rêver. À 19 ans, il voudrait rencontrer une femme qui s’intéresse à lui et qui apprécie un type attentionné, mais il semble leur faire peur, les inquiéter, les insécuriser.