Un oubli des législateurs ontariens

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Publié 14/02/2012 par Gérard Lévesque

Le texte de la Convention sur les aspects civils de l’enlèvement international d’enfants indique qu’elle est adoptée «en français et en anglais, les deux textes faisant également foi».

Il s’agit là d’une information importante, surtout pour les autorités législatives qui, à l’instar de notre province, ont le français et l’anglais comme langues officielles des tribunaux. Or, lorsque l’Ontario a adhéré à cette convention internationale, le 1er décembre 1983, cette mention n’a pas été inscrite dans la législation ontarienne.

Pour lire en français cette mention, il faut consulter le texte de la Convention qui apparaît dans la législation d’une province comme la Saskatchewan ou d’un territoire comme le Yukon.

Paradoxalement, la législation d’une province comme l’Alberta qui prive ses citoyens d’un accès en français à ses lois, proclame dans sa loi qui incorpore le texte de la Convention: Done at The Hague, on the 25th day of October 1980 in the English and French languages, both texts being equally authentic…»

Selon la règle d’égale autorité, les versions française et anglaise d’un texte législatif ou d’une convention constituent deux énoncés de l’intention qui font pareillement autorité, et aucune version n’a préséance sur l’autre ou ne lui est supérieure.

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Il serait facile pour les législateurs ontariens de demander au Bureau des conseillers législatifs de préparer un projet de loi visant à corriger l’oubli de la mention des deux langues du texte de la Convention.

Oseront-ils le faire alors que leur attention est monopolisée par tant d’autres dossiers ? Pour obtenir de l’action, il faudra plus qu’une chronique juridique publiée dans un hebdomadaire de la capitale provinciale. Il faudrait que les organismes intéressés aux droits linguistiques invitent les législateurs à voter en faveur d’une modification qui compléterait le texte de la Convention sur les aspects civils de l’enlèvement international d’enfants, lequel apparaît en annexe à l’article 46 de la Loi portant réforme du droit de l’enfance (www.canlii.org/fr/on/legis/lois/lro-1990-c-c12/derniere/lro-1990-c-c12.html).

Ce dossier devrait notamment retenir l’attention du Commissaire aux services en français, de l’Association des juristes d’expression française de l’Ontario (AJEFO), du Comité des langues officielles de l’Association du Barreau de l’Ontario, de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario et de l’Office des affaires francophones.

Dans leurs démarches auprès des législateurs, ils pourront rappeler que la Loi de 2002 sur les Garanties internationales portant sur des matériels d’équipement mobiles (équipements aéronautiques), LO 2002, c 18, annexe B (non encore en vigueur), reproduit le texte de la Convention relative aux garanties internationales portant sur des matériels d’équipement mobiles. Et là, on peut y lire la mention: «Fait au Cap, le seize novembre de l’an deux mille un, en un seul exemplaire dont les textes français, anglais, arabe, chinois, espagnol et russe, feront également foi…»

Pour plus de renseignements:
Loi de 1996 sur l’enlèvement international d’enfants, LS 1996, c I-10.11 (Saskatchewan)

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Loi sur l’enlèvement international d’enfants (Convention de la Haye), LY 2008, c 5 (Yukon)

International Child Abduction Act, RSA 2000, c I-4 (Alberta)

Loi de 2002 sur les Garanties internationales portant sur des matériels d’équipement mobiles (équipements aéronautiques), LO 2002, c 18, annexe B (Ontario)

Auteur

  • Gérard Lévesque

    Avocat et notaire depuis 1988, ex-directeur général de l'Association des juristes d'expression française de l'Ontario. Souvent impliqué dans des causes portant sur les droits linguistiques. Correspondant de l-express.ca, votre destination pour profiter au maximum de Toronto.

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