Bernard Courteau s’intéresse à Émile Nelligan depuis plus de cinquante ans. Au fil de ses rencontres, au gré de ses recherches et en écoutant ce qui se disait dans les coulisses de la poésie, il a cerné plus avant le mystère entourant l’identité de ce grand poète québécois. C’est ce qu’il nous révèle dans Ces beaux gars à l’œil brun dont rêvait Nelligan.
L’auteur précise, au départ, que la folie attribuée au poète Émile Nelligan, «sans référence aucune à quelque déviance que ce soit, ne pouvait servir qu’à justifier une mise à l’écart profitable à certains de ses proches». Si Nelligan avait été atteint de démence, il aurait été admis à l’hôpital Saint-Jean-de-Dieu.
Or, c’est à la Retraite Saint-Benoît qu’il séjourna; on y accueillait alors des membres du clergé et des frères «affligés d’alcoolisme et de déviance sexuelle».
Selon Courteau, il n’y a pas de doute que «le jeune poète a été relégué à la Retraite Saint-Benoît… en raison de son homosexualité».
Une analyse minutieuse des manuscrits de Nelligan permet d’affirmer qu’il «ne cessait de rêver de beaux gars aux yeux bruns qui puissent le prendre en mains et sauraient le manier chaque fois qu’il pendrait, défunt mal mort, inerte au câble de la Vie, flasque comme corde et vide comme cloche.»