Un Nouveau souffle pour la chanson

Damien Robitaille au Coup de cœur francophone

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Publié 09/02/2006 par Marta Dolecki

Un drôle d’oiseau ce Damien Robitaille. Qui d’autre sur scène pourrait se mettre à chanter «Je suis le porc-é-porc-é-porc-épic / une bête ben sympa-sympa-sympathique» et s’en tirer aussi bien. Entouré de ses musiciens imaginaires, l’auteur-compositeur-interprète de 24 ans, originaire de l’Ontario, réussit pourtant le pari partout où il se produit. Toronto n’échappe pas à la règle. Vendredi dernier, lors du premier volet du Coup de cœur francophone, le public s’est laissé bercer par les chansons délurées du jeune artiste, toutes plus intrigantes les unes que les autres.

À noter: les musiciens que Damien Robitaille décrit comme invisibles… sont vraiment invisibles. Sur scène, l’artiste est seul à mener la barque, avec pour seuls compagnons de route sa guitare et son piano. Au fil de sa carrière, somme toute encore assez courte, on l’a déjà comparé à un Boris Vian, pour ses textes tendres et poétiques, voire même à un Jacques Dutronc, pour son allure désinvolte.

Sa musique, elle, ouvre les portes d’un monde peuplé de menus de restaurants compliqués, de femmes électriques et d’animaux à quatre pattes qui piquent. Un univers délicieusement déluré qui vient apporter une bouffée d’air frais à la scène musicale francophone.

Le caractère un peu fou de ses spectacles – quand il monte sur scène, trébuche sur ses phrases, se reprend – il en a conscience, mais ne le feint aucunement.

«Parfois les gens viennent me voir après le spectacle pour me demander si j’ai fumé ou pris de la drogue. C’est vrai que j’ai une façon de parler qui est un peu saccadée. Les gens au Québec trouvent aussi que j’ai un accent franco-ontarien», dit-il.

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«Ils voient ça comme un personnage, mais ce n’est pas vrai, c’est juste du Damien», fait valoir le principal intéressé.

C’est du Damien et c’est ça qui plaît. Depuis un an, le jeune homme ne cesse d’accumuler prix et victoires aux différents festivals de la chanson organisés dans la Belle Province. Au Festival de Granby en 2004, il avait déjà raflé presque toutes les récompenses. Aux Francouvertes en avril dernier, Damien Robitaille est encore une fois venu se classer bon premier.

Chaque festival ouvre de nouvelles portes. La victoire aux Francouvertes aura permis à Damien Robitaille d’enregistrer un mini-album/DVD de six titres qui sera disponible dans les bacs à partir du 10 novembre. «Tous ces concours donnent aux jeunes artistes une visibilité accrue. J’ai maintenant un album en préparation, ainsi qu’une gérante qui s’occupe de ma carrière», estime Damien Robitaille.

De Lafontaine, petite municipalité située sur les bords de la baie Géorgienne, à Montréal, les deux pieds posés sur la scène musicale, le jeune auteur-compositeur-interprète a parcouru un long chemin.

Jamais il n’a douté qu’il réussirait un jour à vivre de sa passion pour la chanson. Le concours Ontario Pop auquel Damien Robitaille a participé en 2003 aura été très certainement un tremplin. Ce dernier lui a permis d’empocher une bourse pour aller étudier pendant un an à l’École nationale de la chanson de Granby.

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«L’École a permis de me donner une confiance dans mes textes et d’améliorer mon français, parce que, venant de Lafontaine, ça n’était pas toujours évident. Elle m’a aussi permis de mieux connaître toute une culture et, aussi, de rencontrer l’amour», avoue-t-il candidement.

L’amour, le jeune homme l’a rencontré en la personne de Geneviève Binette qui, comme lui, comptait parmi les finalistes du Festival international de la chanson de Granby en 2004. «On vit de notre musique, on s’entraide beaucoup», commente-t-il. Les deux habitent présentement à Montréal. Damien Robaille voit son installation au Québec comme la condition sine qua non à la poursuite d’une carrière en français dans le milieu de la musique.

Né d’un père francophone et d’une mère anglophone, les artistes que Damien Robitaille écoutaient dans sa jeunesse avaient pour nom Leonard Cohen, Bob Dylan et les Beatles. Ce n’est que bien plus tard, vers 18 ans, que Damien a choisi de renouer avec ses racines francophones.

«J’avais fait toutes mes études secondaires en français. Je me suis ensuite inscrit dans une université de langue anglaise. C’est là que j’ai réalisé que je devais être beaucoup plus fier de ma culture. Je viens d’une communauté francophone. Mon nom de famille est Robitaille. Je sentais que je faisais partie d’une grande famille», fait valoir l’artiste.

Au secondaire, un professeur de musique aura joué un rôle dans l’éveil de cette conscience. Il a poussé le jeune homme à écrire ses premiers textes en français, puis à faire un album, à condition que ce dernier soit enregistré dans la langue de Molière.

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«On dirait que tout le monde chantait en anglais. Je voulais faire quelque chose de différent. La langue française possédait de belles sonorités, justifie Damien Robitaille. Elle me permettait davantage de jouer avec les mots, parce j’étais moins familier avec elle. Depuis ce temps, j’ai toujours mon nez fourré dans un dictionnaire. Je suis constamment à l’affût de nouvelles expressions. Je pense que ma façon d’écrire est différente de celle des Québécois ou des Français.»

Cette même vision, pour le moins différente et originale, viendra trouver son aboutissement dans un futur album avec Audiogram, enregistré en studio, en compagnie de véritables musiciens. Selon l’artiste, ce dernier devrait voir le jour au printemps 2006.

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