Un drôle d’oiseau ce Damien Robitaille. Qui d’autre sur scène pourrait se mettre à chanter «Je suis le porc-é-porc-é-porc-épic / une bête ben sympa-sympa-sympathique» et s’en tirer aussi bien. Entouré de ses musiciens imaginaires, l’auteur-compositeur-interprète de 24 ans, originaire de l’Ontario, réussit pourtant le pari partout où il se produit. Toronto n’échappe pas à la règle. Vendredi dernier, lors du premier volet du Coup de cœur francophone, le public s’est laissé bercer par les chansons délurées du jeune artiste, toutes plus intrigantes les unes que les autres.
À noter: les musiciens que Damien Robitaille décrit comme invisibles… sont vraiment invisibles. Sur scène, l’artiste est seul à mener la barque, avec pour seuls compagnons de route sa guitare et son piano. Au fil de sa carrière, somme toute encore assez courte, on l’a déjà comparé à un Boris Vian, pour ses textes tendres et poétiques, voire même à un Jacques Dutronc, pour son allure désinvolte.
Sa musique, elle, ouvre les portes d’un monde peuplé de menus de restaurants compliqués, de femmes électriques et d’animaux à quatre pattes qui piquent. Un univers délicieusement déluré qui vient apporter une bouffée d’air frais à la scène musicale francophone.
Le caractère un peu fou de ses spectacles – quand il monte sur scène, trébuche sur ses phrases, se reprend – il en a conscience, mais ne le feint aucunement.
«Parfois les gens viennent me voir après le spectacle pour me demander si j’ai fumé ou pris de la drogue. C’est vrai que j’ai une façon de parler qui est un peu saccadée. Les gens au Québec trouvent aussi que j’ai un accent franco-ontarien», dit-il.