Un nom qu’on ne peut plus oublier: Alzheimer

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Publié 17/06/2014 par Gabriel Racle

Mais d’où vient ce nom d’Alzheimer, trop connu malheureusement? Et pourquoi est-il devenu le nom d’une grave maladie neurodégénérative qui toucherait une personne sur vingt parmi celles âgées de plus de 65 ans, soit 5% des personnes de plus de 65 ans?

L’année 2014, riche en anniversaires de célébrités, nous donne l’occasion de nous intéresser à ces questions, puisque l’on y commémore le 150e anniversaire de naissance d’Alois Alzheimer qui a donné son nom à cette pathologie.

Alois Alzheimer, dont l’écriture du prénom est souvent francisée en Aloïs, est né il y a donc 150 ans, le 14 juin 1864, dans la petite ville allemande de Marktbreit, à une centaine de kilomètres de Nuremberg, la grande ville de Bavière.

Il était le fils du notaire Eduard (1830-1891) et de sa seconde femme Barbara Theresia Bush (1840-1882), épousée en 1860. En 1883, il obtient son Abitur (diplôme de fin d’études secondaires) au collège classique de la ville voisine (150 km) d’Aschaffenburg.

Il entreprend alors des études de médecine à la Friedrich-Wilhelms-Universität de Berlin, puis à l’Eberhard-Karls-Universität de Tübingen, et finalement à la Julius-Maximilians-Universität de Würzburg où, en 1886, il soutient sa thèse de doctorat et devient docteur en médecine.

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Le médecin

En 1887, Alois Alzheimer s’occupe pendant cinq mois de femmes atteintes de maladie mentale, avant de devenir, en 1888, médecin assistant à l’établissement de soins pour les personnes démentes et épileptiques de la ville de Francfort-sur-le-Main, dont il deviendra le directeur en 1895.

En 1894, il épouse Nathalie Wallerstein, veuve d’un banquier, âgée de 34 ans, avec laquelle il aura trois enfants, Gertrud, Hans et Maria. Son épouse décédera le 28 février 1901.

Alois Alzheimer s’intéresse particulièrement à la démence et à la recherche de ses origines, ainsi qu’aux psychoses, à la psychiatrie, à l’épilepsie. À cette époque, la plupart des psychiatres considèrent que l’état de démence d’une personne âgée est normal, causé par l’usure du temps.

L’observateur

En 1889, le neuropathologue Franz Nissl (1860-1919) rejoint Alzheimer et lui apprend les nouvelles techniques de l’histologie (étude des tissus biologiques au niveau microscopique). En 1875 Nissl gagne Heidelberg pour travailler avec le célèbre psychiatre Emil Kraepelin.

L’établissement de Francfort, où Alzheimer exerce son métier, admet le 25 novembre 1901une femme de 48 ans, Auguste Deter. Elle présente des manifestations variées d’une maladie montrant une dégradation progressive de ses facultés cognitives: problèmes de mémoire et de compréhension, allant jusqu’à l’aphasie, altération de l’expression ou de la compréhension du langage parlé ou écrit, désorientations, comportements incohérents et imprévisibles, hallucinations, confusion mentale, inaptitude psychosociale. Cette patiente restera une véritable obsession pour Alzheimer.

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En 1902, Alzheimer quitte à son tour Francfort pour Heidelberg, invité par Emil Kraepelin, et une année plus tard ils rejoignent tous les deux la Clinique psychiatrique royale de l’université de Munich. Alois continue de suivre Auguste Deter.

Le diagnosticien

Celle-ci décède en avril 1906 d’artériosclérose cérébrale. Alzheimer demande qu’on lui envoie le dossier médical et le cerveau de son ancienne patiente.

«Le dossier médical contenant l’observation détaillée manuscrite, annotée par Alzheimer lui-même, a été retrouvé; il comprend 32 feuillets: fiche d’admission, attestation, tentative d’écriture par la patiente avec cette note «trouble de l’écriture d’origine mnésique», ainsi que les symptômes détaillés au cours des quatre premiers jours d’hospitalisation:

«Elle s’assoit sur son lit, l’air hébété. Quel est votre nom? Auguste. Votre nom de famille? Auguste. Quel est le nom de votre mari? Auguste, je crois. Votre mari? Ah, mon mari. Elle semble ne pas comprendre la question. Êtes-vous mariée? Auguste Auguste. Madame Deter? Oui, Oui, Auguste Deter. […] Quand on lui montre des objets, elle ne se souvient pas, après un court instant, de ce qu’elle a vu…» (Medarus)

Le découvreur

Le 4 novembre 1906, lors de la 37e Conférence des psychiatres allemands à Tübingen, Alzheimer rapporte les observations faites sur sa patiente d’une désintégration des fonctions intellectuelles.

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Il accompagne sa description des analyses histologiques de son cerveau en mettant «également en évidence les deux types de lésions cérébrales caractéristiques de la maladie qui fera sa renommée: la dégénérescence neurofibrillaire et les amas anormaux de fibrilles dans les neurones». (idem)

En 1907, Alzheimer publia un article, intitulé Une maladie caractéristique grave du cortex cérébral, qui reprend les constatations et conclusions de son exposé de 1906. Il avait fait le lien entre ses observations cliniques et ses découvertes anatomiques, ce qui était rare à son époque.

En 1912, Alzheimer est nommé directeur de la clinique psychiatrique de l’université Freidreich-Wilhelm de Breslau (aujourd’hui Wroclaw, en Pologne). Mais il meurt le 15 décembre 1915, à Breslau, âgé de 51 ans. Il est inhumé à Francfort.

La dénomination

C’est Emil Kraepelin, considéré par plusieurs comme le fondateur de la psychiatrie scientifique, qui aurait donné le nom d’Alzheimer à cette maladie reconnue et nommée comme une maladie distinctive, connue désormais sous la dénomination de «maladie d’Alzheimer».

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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