Un Misanthrope renversant au TfT!

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Publié 31/10/2007 par Sandy Plas

C’est comme si on goûtait pour la première fois à un plat aux saveurs inconnues, qui mêlerait le sucré et le salé… Au premier abord le mélange peut surprendre voire faire peur, mais dès les premières bouchées, la fusion se fait et nous offre un mariage nouveau et complètement original.

La métaphore culinaire peut sembler surprenante quand on parle de théâtre. C’est pourtant tout ce mélange de saveurs que nous offre le Théâtre français de Toronto (TfT) avec sa nouvelle adaptation du Misanthrope de Molière. À l’affiche depuis le 24 octobre et jusqu’au 10 novembre, la pièce est mise en scène par Jean-Stéphane Roy, déjà remarqué pour son adaptation de L’Avare.

Le Misanthrope est l’histoire d’un homme, Alceste (Julian Doucet), torturé entre les conventions sociales qu’il renie et son amour pour Célimène (Karine Ricard), qui n’a de cesse d’user de ses charmes et des plus beaux subterfuges pour se faire bien voir du reste de ses congénères. La pièce explore le thème inusable, et plus que jamais d’actualité, du vivre ensemble et des compromis nécessaires à faire pour l’atteindre.

La modernité du propos de la pièce de Molière est servie par une mise en scène à la fois inattendue et audacieuse. Peu ou pas de costumes d’époques, les traits des personnages apparaissent sous différentes facettes, chacun dans leur style. On assiste donc aux extravagances d’un Oronte (Benoît Saint-Hilaire) aux cheveux hérissés sur la tête et vêtu d’un costume vert et de santiags assorties.

Toute la coquetterie de Célimène transparaît dans une robe affriolante faite de paillettes et autres fantaisies, tandis que ses prétendants, Acaste (Manuel Verreydt) et Clitandre (Marc Ouimet), se pavanent dans des costumes improbables pour tenter de séduire leur belle.

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Un cocktail détonnant, auquel viennent s’ajouter des choix musicaux plus qu’inattendus. La troupe entre ainsi en scène sur les airs de Célimène de la Compagnie Créole, avant de se déhancher sur Génération désenchantée de Mylène Farmer. De quoi effrayer les puristes du genre…

Mais c’est sans compter sur le talent des acteurs qui composent la pièce. Toujours justes, souvent surprenants, l’ensemble des comédiens s’approprient les costumes des personnages avec une facilité déconcertante et revisitent ce monument du théâtre classique d’une manière terriblement intelligente. Les personnages sont tour à tour comiques, colériques ou émouvants.

L’humour et l’esprit de Molière retrouvent ainsi tout leur lustre dans la peau de ces personnages extravagants mais facilement identifiables à certains hérauts factices de notre temps.

La pièce se balade également sur le chemin du multimédia: téléphone portable, caméscope et écran géant font partie intégrante de la mise en scène.

Jean-Stéphane Roy et l’ensemble des comédiens, signent ici une excellente adaptation du Misanthrope de Molière, en lui donnant fraîcheur et dynamisme et en l’inscrivant résolument dans notre époque, sans pour autant en perdre la substance. Belle réussite pour une pièce qui fête cette année ses 341 ans!

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Le Misanthrope de Molière: jusqu’au 10 novembre au Théâtre français de Toronto, 26 rue Berkeley. Plus de renseignements au www.theatrefrancais.com ou au 416-534-6604.

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