C’est comme si on goûtait pour la première fois à un plat aux saveurs inconnues, qui mêlerait le sucré et le salé… Au premier abord le mélange peut surprendre voire faire peur, mais dès les premières bouchées, la fusion se fait et nous offre un mariage nouveau et complètement original.
La métaphore culinaire peut sembler surprenante quand on parle de théâtre. C’est pourtant tout ce mélange de saveurs que nous offre le Théâtre français de Toronto (TfT) avec sa nouvelle adaptation du Misanthrope de Molière. À l’affiche depuis le 24 octobre et jusqu’au 10 novembre, la pièce est mise en scène par Jean-Stéphane Roy, déjà remarqué pour son adaptation de L’Avare.
Le Misanthrope est l’histoire d’un homme, Alceste (Julian Doucet), torturé entre les conventions sociales qu’il renie et son amour pour Célimène (Karine Ricard), qui n’a de cesse d’user de ses charmes et des plus beaux subterfuges pour se faire bien voir du reste de ses congénères. La pièce explore le thème inusable, et plus que jamais d’actualité, du vivre ensemble et des compromis nécessaires à faire pour l’atteindre.
La modernité du propos de la pièce de Molière est servie par une mise en scène à la fois inattendue et audacieuse. Peu ou pas de costumes d’époques, les traits des personnages apparaissent sous différentes facettes, chacun dans leur style. On assiste donc aux extravagances d’un Oronte (Benoît Saint-Hilaire) aux cheveux hérissés sur la tête et vêtu d’un costume vert et de santiags assorties.
Toute la coquetterie de Célimène transparaît dans une robe affriolante faite de paillettes et autres fantaisies, tandis que ses prétendants, Acaste (Manuel Verreydt) et Clitandre (Marc Ouimet), se pavanent dans des costumes improbables pour tenter de séduire leur belle.