Un juge autorise la poursuite civile contre DSK à New York

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Publié 01/05/2012 par Jennifer Peltz (The Associated Press)

à 14h35 HAE, 1er mai 2012.

NEW YORK, États-Unis – Dominique Strauss-Kahn a échappé à un procès criminel, mais il ne pourra éviter un procès civil dans l’affaire du Sofitel de Manhattan. Le juge Douglas McKeon, de la Cour suprême du Bronx, a rejeté mardi l’immunité diplomatique que revendiquait l’ancien directeur du Fonds monétaire international (FMI), refusant de classer sans suite la plainte de Nafissatou Diallo, la femme de chambre qui l’accuse d’avoir tenté de la violer en mai 2011.

Les poursuites pénales contre Dominique Strauss-Kahn ont été abandonnées le 23 août par la justice new-yorkaise en raison des doutes sur la crédibilité de son accusatrice. Mais quelques jours plus tôt, Nafissatou Diallo, qui assure avoir dit la vérité sur les faits, avait porté plainte au civil contre l’ancien ministre français de l’Économie.

Lors d’une audience en mars, les avocats de DSK avaient demandé le classement sans suite de cette plainte, faisant valoir que leur client bénéficiait à l’époque de l’immunité diplomatique liée à sa fonction au FMI.

Les avocats de Nafissatou Diallo avaient rétorqué que son séjour à New York était d’ordre privé, puisqu’il était venu voir sa fille. Ils avaient aussi fait valoir que l’immunité diplomatique que revendiquait DSK repose sur la convention des Nations unies sur les privilèges et immunités des institutions spécialisées, un texte de 1947 que les États-Unis n’ont pas signé.

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La défense de Dominique Strauss-Kahn estimait que la convention était largement acceptée dans le monde et qu’elle faisait donc partie du droit coutumier international.

Au moment de son arrestation, l’ancien patron du FMI, qui nie toute violence contre la femme de chambre, n’avait pas fait valoir son immunité diplomatique et avait préféré s’attacher à démontrer son innocence, ont expliqué ses avocats.

«Dominique Strauss-Kahn ne peut renoncer à l’immunité pour essayer de blanchir son nom et la réclamer ensuite pour priver Mme Diallo de l’occasion de laver le sien», a estimé le juge McKeon.

Le magistrat a aussi souligné qu’au moment du dépôt de la plainte de Nafissatou Diallo, Dominique Strauss-Kahn avait déjà démissionné de son poste au FMI. Il a également noté que les règles du Fonds monétaire international limitent l’immunité aux actes accomplis dans l’exercice d’une fonction.

Mardi, les avocats de Nafissatou Diallo ont salué une décision «logique et bien construite».

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«Nous avons tout le temps dit que la tentative désespérée de Dominique Strauss-Kahn pour faire valoir une immunité était une tactique destinée à retarder cette procédure», ont déclaré les avocats Kenneth Thompson et Douglas Wigdor dans un communiqué. «Nous avons hâte désormais de le faire répondre de l’agression sexuelle brutale qu’il a commise.»

Dominique Strauss-Kahn est «déterminé à combattre les allégations portées contre lui et nous sommes convaincus qu’il y a parviendra», ont répondu ses avocats, William Taylor et Amit Mehta. Dans un communiqué, ils ont admis leur déception et ont dit étudier leurs options.

Nafissatou Diallo, 33 ans, accuse l’ex-directeur général du FMI, âgé de 63 ans, d’avoir essayé de la violer alors qu’elle était venue nettoyer sa chambre de l’hôtel Sofitel à Manhattan le 14 mai 2011.

Arrêté le jour même à l’aéroport JFK de New York dans un avion à destination de Paris, Dominique Strauss-Kahn a démissionné peu après du FMI et a dû tirer un trait sur ses ambitions présidentielles en France, à quelques semaines des primaires socialistes, alors qu’il était considéré comme le favori pour affronter le président sortant, Nicolas Sarkozy.

En octobre, le parquet de Paris a classé sans suite la plainte déposée en juillet par la journaliste et écrivaine Tristane Banon, qui accusait DSK d’avoir tenté de la violer en février 2003 dans un appartement parisien.

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À la fin du mois de mars, Dominique Strauss-Kahn a par ailleurs été mis en examen pour «proxénétisme aggravé en bande organisée» dans l’affaire de l’hôtel Carlton de Lille, un établissement soupçonné d’avoir participé à un réseau de prostitution qui opérait aussi à Paris.

L’ancien patron du FMI a reconnu, par la voix de ses avocats, avoir eu des relations sexuelles avec des femmes lors de soirées «libertines». Mais il assure qu’il ne savait pas qu’il s’agissait de prostituées et qu’il ignorait tout de l’existence du présumé réseau de prostitution ou d’éventuels faits de proxénétisme.

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