Une célèbre chanson québécoise de Raymond Lévesque commence par ces mots:
Quand les hommes vivront d’amour
Ce sera la paix sur la terre
Les soldats seront troubadours
Et nous, nous serons morts, mon frère.
Nous sommes, en tant qu’êtres humains, à la fois uniques et égaux. Il n’y a pas une vie qui ne vaille plus ou moins qu’une autre. Et nul ambassadeur, nul politicien, nul leader religieux ne peut prétendre le contraire.
Quand on exprime sa solidarité envers les peuples que des politiciens avides poussent les uns contre les autres, prend-on pour autant parti pour l’un ou pour l’autre? Le seul parti que l’on défend est celui de ceux qui souffrent quels qu’ils soient, ceux qu’on appelle indistinctement des victimes. Maintenant, chacun réagit à l’actualité selon ce qu’il perçoit ou selon ce qu’il vit quotidiennement. Même si l’on condamne la politique d’Israël, doit-on se réjouir de la mort de civils israéliens? Et, à l’inverse, si l’on ne soutient pas l’action du Hezbollah, peut-on se féliciter de la mort de civils libanais? La réponse est non! Pourtant, que ce soit dans la presse arabe ou israélienne, les courants les plus extrêmes canalisent les tensions qu’exacerbe cette guerre meurtrière dont on oublierait même la cause.
Cela me rappelle un conte arménien de Toumanian: «La goutte de miel». Un berger achète du miel chez un épicier. Celui-ci fait tomber une goutte de miel. Une mouche se précipite dessus. Le chat de l’épicier bondit sur la mouche et la tue. Le chien du berger saute sur le chat. Le conflit s’étend ensuite aux hommes, puis à leurs villages et au royaume, entraînant mort, famine et misère. Une évocation bien réelle, hélas, de l’escalade de la violence.