Cette année 2008 nous vaut de commémorer l’anniversaire l’un du décès, l’autre de la naissance de deux grands compositeurs, séparés dans le temps, 100 années entre le décès de l’un et la naissance de l’autre, et dans l’espace, l’un était en Russie et l’autre en France: Rimski-Korsakov est le premier et Olivier Messiaen le deuxième.
C’est aussi l’occasion de faire plus ample connaissance avec ces musiciens de renom, aidé par deux ouvrages remarquables: Nicolaï Rimski-Korsakov, Chronique de ma vie musicale et Peter Hill et Nigel Simeone, Olivier Messiaen, Éditions Fayard pour ces ouvrages, parus tous deux dans la prestigieuse collection consacrée aux musiciens de cet éditeur. Dans sa Chronique, dont c’est la première traduction française, Rimski-Korsakov relate son parcours, de ses premiers souvenirs d’enfance jusque deux ans avant sa mort (voir L’Express du 2 juillet 2008).
Et c’est le parcours singulier lui aussi d’Olivier Messiaen que nous racontent les auteurs de sa biographie, la première du genre en français, en le suivant pas à pas, de l’enfance jusqu’à sa mort, en nous faisant connaître l’homme, sa vie parfois mouvementée, et sa prodigieuse création musicale. Qui veut découvrir ce musicien moderne prendra goût à la lecture de cet ouvrage d’un grand intérêt, fort bien documenté et nécessaire pour connaître ce compositeur.
Car, contrairement à Rimski-Korsakov, qui nous a laissé ses mémoires, Messiaen était très secret, à tel point que même sa deuxième épouse «n’a découvert l’existence de son œuvre ultime, Concert à quatre, qu’en retrouvant le manuscrit dans ses papiers. Il y avait pourtant travaillé pendant plus d’un an». Mais il a pourtant un point commun avec le compositeur russe, une caractéristique fondamentale de son langage musical, «le mode alternant des demi-tons et tons prisé notamment par Rimski-Korsakov, Ravel et Stravinsky». (p. 37 de sa biographie) Et si Rimski-Korsakov avait publié un Traité d’harmonie (1884) et des Éléments d’orchestration (1913), Messiaen fera paraitre Technique de mon lamage musical, (1942) pour s’expliquer sur sa musique, et Traité de rythme, de couleur et d’ornithologie (7 volumes, édition posthume, 1994-2002)
Pour situer Messiaen en quelques mots, il faut parler d’un compositeur, interprète, théoricien, pédagogue voire même ornithologue, qui est aujourd’hui «une figure incontestée de la musique du XXe siècle». Né le 10 décembre 1908, à Avignon, dans le sud de la France, il est le fils d’un professeur d’anglais, traducteur de Shakespeare, et d’une mère qui s’adonne à la poésie et publie plusieurs poèmes. Elle exercera une grande influence sur son fils, qui avouera même qu’après la mort de celle-ci survenue en 1927, «elle avait continué à veiller sur lui à la manière d’un ange gardien».