Tout le monde se rappellera des images historiques de la révolte égyptienne de 2011, qui a débuté le 25 janvier, jour de la «fête de la police», date spécifiquement choisie par la jeunesse égyptienne, qui, galvanisée par l’exemple tunisien, s’est mobilisé pacifiquement ce jour-là sur la place Tahrir (place la Libération). Avec pour mots d’ordre: le départ du président Hosni Moubarak, au pouvoir depuis le 14 octobre 1981; la fin de l’état policier (1,5 million de policiers très qualifiés en corruption et en torture); et l’instauration d’un régime politique démocratique.
Lancée sous le slogan Pain, liberté et dignité humaine (Eish, horeya, karama insaneya), 15 000 personnes s’étaient amassées au centre du Caire, grâce à un réseau militant informel qui, pendant plusieurs semaines, via Facebook, avaient appelé la population à manifester. Simultanément, des soulèvements eurent lieu dans plusieurs villes en province, à Alexandrie, la seconde métropole du pays, Suez, Assouan et Mansûra dans le Delta.
Malgré une répression violente, incluant, arrestations arbitraires, torture, lynchages, quelques jours plus tard, 20 millions de personnes se sont retrouvés sur la place Tahrir.
Au bout de 18 jours, le 11 février 2011, Hosni Moubarak fut contraint de quitter le pouvoir et de remettre le pays entre les mains de l’armée.
Euphorie
Pour Nadim Fetaih, 26 ans, jeune documentariste d’origine égyptienne, ayant grandi à Toronto, en écoutant les histoires que lui racontaient ces parents – eux-mêmes militants pacifistes au sein des mouvements étudiants des années 1970 au Caire – ce moment crucial du printemps arabe devenait une occasion inespérée de ramener son père en Égypte, afin qu’il puisse reprendre sa place dans la rue, et sentir l’euphorie de la victoire contre la dictature.