Un drôle de croco!

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Publié 13/03/2012 par Gabriel Racle

On est loin de connaître toutes les espèces végétales et animales qui existent sur la planète Terre. On se demande même si on arrivera un jour à les connaître, étant donné la disparition d’espèces inconnues, causée par la destruction accélérée de zones forestières, herbacées, marécageuses, effectuée par les humains au profit de cultures ou d’utilisations qui enrichissent de grosses entreprises, comme les plantations de palmiers à huile, par exemple.

Évaluation

En se limitant aux espèces fauniques, on estime en connaître environ 1 500 000, dont 950 000, soit 40%, seraient des espèces d’insectes. En utilisant de complexes méthodes statistiques, on pense qu’il pourrait y avoir de 8 à 100 millions d’espèces d’insectes inconnues. L’imprécision des chiffres tient évidemment au fait qu’il est difficile d’estimer avec précision ce que l’on ne connaît pas.

Certains chercheurs évaluent de 5 000 à 7 000 le nombre d’espèces d’insectes découvertes chaque année. Et d’aucuns ont calculé qu’à ce rythme «il faudrait 1 000 à 10 000 ans pour achever l’inventaire faunistique de la planète».

Avec ce commentaire désabusé: «Hélas, la destruction effrénée des milieux naturels, et notamment des forêts tropicales (à la biodiversité la plus riche), devrait dramatiquement simplifier la tâche des systématiciens…»

Découvertes

Les chiffrées varient donc constamment en fonction des découvertes qui se font chaque année. Ou de l’identification d’espèces découvertes antérieurement mais non répertoriées, faute de spécialistes pour les identifier.

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Car c’est un travail lent et minutieux effectué par des chercheurs appelés «systématiciens», des spécialistes de la classification des vivants, qui explorent des espaces peu ou pas connus pour y trouver de nouvelles espèces, les nommer, les décrire, les ajouter au catalogue des espèces répertoriées.

En 2011, d’après le journal français Le Monde, on aurait ainsi découvert 18 000 nouvelles espèces, qui s’ajouteraient au 1,9 million d’espèces déjà recensées. Bien entendu, le plus grand nombre de découvertes concerne des insectes. Les découvertes de mammifères, d’oiseaux ou de reptiles sont plus rares, pour s’en tenir aux espèces terrestres. Car les espèces marines sont une autre source de découvertes étonnantes.

Surprises!

En Asie, dans la région du Mékong, on a découvert un singe noir et blanc, surnommé le «singe Elvis» en raison d’une coiffure semblable à celle du King, qui n’a pas de nez et qui éternue quand il pleut pour rejeter l’eau qui entre dans ses narines, un lézard uniquement de sexe féminin, qui s’auto-reproduit, un lézard «psychédélique», au cou jaune vif, au corps bleu et aux pattes et à la queue orange, et un nouveau blaireau-furet insolite au Vietnam, parmi d’autres.

Certaines découvertes sont surprenantes parce qu’on les fait dans des endroits inattendus. Ainsi, on a aperçu pour la première fois un crotale arboricole vert sous le toit d’un restaurant dans un parc national de Thaïlande. On a vu un rat vivant dans les rochers, officiellement disparu depuis 11 millions d’années, dans un marché local du Laos!

Notre crocodile

Mais venons-en à ce crocodile qui fait l’objet du titre. Les crocodiliens sont bien connus, comme relevant de la classe des reptiles. On les regroupe en trois familles bien caractérisées: les crocodiles vrais, les alligators et caïmans, et les gavials. Ces reptiles fréquentent les zones chaudes des deux hémisphères.

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C’est en Afrique que l’on a fait la découverte assez étrange d’un drôle de crocodile, inconnu jusqu’alors. Tout commence en 2010 au Gabon. Une équipe scientifique emmenée par un archéologue part explorer des grottes dans des falaises, à la recherche de traces humaines, gravures rupestres, restes d’occupation.

Plusieurs de ces grottes sont interrelliées et certaines sont ennoyées. Avec surprise, nos chercheurs découvrent qu’elles sont parfois habitées, et pas seulement par des chauves-souris, nombreuses, mais aussi… par des crocodiles nains, car ils mesurent entre 1,35 et 1,70 m de long, selon le sexe, et en plus ils sont d’une couleur très voyante: orange!

Des questions

Que font des crocodiles dans des cavernes, d’où viennent-ils et pourquoi une couleur aussi voyante? Une expédition a lieu en 2011 pour approfondir le sujet.

«A priori, la couleur orange est en relation avec leur vie cavernicole, dans l’obscurité quasi complète: la peau orange serait donc le fruit de l’absence ou de la présence non fonctionnelle de mélanine, ce pigment qui, dans les cellules de la peau, sert à protéger l’organisme de l’action de la lumière solaire», explique un chercheur

«À partir des contenus de l’estomac, mes collègues ont montré que les crocodiles cavernicoles se nourrissent exclusivement d’organismes présents dans les grottes (des insectes tels que criquets, blattes, scarabées et des chauves-souris), confirmant ainsi leur inféodation complète au milieu souterrain», poursuit ce chercheur.
En août dernier, les chercheurs ont pu capturer, faire des mesures (poids, taille, dimensions des membres) puis relâcher plus d’une quinzaine de spécimen.

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Reste à découvrir quand et comment cette population spécifique s’est retrouvée captive dans ces cavernes. Les recherches doivent se poursuivre.

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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