Un autre attentat meurtrier contre les chiites du Pakistan

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Publié 04/03/2013 par Adil Jawad (The Associated Press)

à 16h35 HNE, le 3 mars 2013.

KARACHI, Pakistan – Une voiture piégée a explosé à l’extérieur d’une mosquée, dimanche, tuant au moins 37 personnes et en blessant 141 autres dans un quartier dominé par des musulmans chiites, dans la ville pakistanaise de Karachi.

Personne n’a revendiqué l’attentat, mais les chiites sont de plus en plus ciblés par des militants sunnites à Karachi, le centre économique du pays et le lieu d’années de violences policières, sectaires et ethniques.

La bombe a explosé à l’extérieur d’une mosquée chiite, alors que les gens quittaient la prière du soir. Les premières informations portaient à croire que la bombe était placée sur une moto, mais un haut responsable policier, Shabbir Sheikh, a plus tard indiqué qu’environ 100 kilos d’explosifs avaient été déposés dans une voiture.

Le colonel Pervez Ahmad, un responsable au sein des Rangers, une force paramilitaire pakistanaise, a précisé qu’un produit chimique utilisé lors de l’explosion a pris feu et propagé la destruction au-delà du lieu de la déflagration. Plusieurs bâtiments à proximité ont été enveloppés par les flammes.

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Les hommes et les femmes pleuraient et les ambulances se sont précipitées sur place, où les résidants tentaient de retrouver des victimes enterrées dans les débris de bâtiments effondrés. L’explosion a formé un cratère de plus de deux mètres de large et de plus d’un mètre de profondeur.

Un haut responsable gouvernemental, Taha Farroqi, a confirmé le bilan des morts et des blessés.

Les groupes de militants sunnites ont augmenté la fréquence de leurs attaques contre les chiites qui forment environ 20 pour cent des 180 millions d’habitants du Pakistan. Des sunnites liés à al-Qaïda et les talibans voient les chiites comme des hérétiques.

Tahira Begum, une proche d’une victime de l’explosion, a réclamé que le gouvernement agisse promptement contre les attaquants.

«Où est le gouvernement?, a-t-elle demandé lors d’une entrevue avec la chaîne de télévision locale Aaj News TV. Les terroristes circulent librement. Personne n’essaie de les attraper.»

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Deux violentes attaques contre une communauté chiite de la ville de Quetta ont fait près de 200 morts depuis le 10 janvier. Le groupe pakistanais Lashkar-e-Jhangvi a revendiqué les attentats, qui ont dévasté une salle de billard et un marché dans des zones peuplées par les Hazaras, qui sont majoritairement des chiites.

Les services de renseignement pakistanais ont aidé les groupes sunnites, tel le Lashkar-e-Jhangvi, à se développer durant les années 1990 pour contrer ce qui était perçu comme une menace de la part de l’Iran voisin, qui est principalement chiite. Le Lashkar-e-Jhangvi a été banni en 2001, mais le groupe continue d’attaquer des chiites.

Selon Human Rights Watch, plus de 400 chiites ont été tués l’an dernier lors d’attaques ciblées à travers le pays, la pire année en matière de violence anti-chiites au Pakistan. Le groupe de défense des droits de la personne a indiqué que plus de 125 d’entre eux avaient été tués dans la province du Balouchistan. La plupart appartenaient à la communauté Hazara.

Les groupes de défense des droits de la personne ont accusé le gouvernement de ne pas en faire suffisamment pour protéger les chiites.

Après l’attentat du 10 janvier, la communauté Hazara a organisé des manifestations, qui se sont étendues dans d’autres régions du pays. Les protestataires ont refusé d’enterrer leurs morts pendant plusieurs jours, tout en réclamant une intervention militaire contre le Lashkar-e-Jhanvi. Le président pakistanais a limogé le gouvernement provincial et a assigné un gouverneur à la province du Balouchistan.

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Aucune opération n’a été lancée contre le groupe jusqu’à un autre attentat, en février, qui a fait 89 morts.

Le gouvernement a alors ordonné une opération policière, et a fait savoir que certains membres du groupe avaient été arrêtés. L’un des fondateurs du groupe, Malik Ishaq, faisait partie des détenus, et des responsables ont laissé entendre qu’il pourrait être interrogé pour déterminer si son groupe est lié aux plus récentes violences contre les chiites.

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