Un arc-en-ciel accroché à la colline

Valparaiso, l'ancien/nouveau grand port du Chili

Valparaiso au Chili. Des maisons aux couleurs vives qui grignotent la montagne. (Photo: Aurélie Resch)
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Publié 19/07/2016 par Aurélie Resch

«Et chaque matin de ma vie, je tâche de faire un nouveau rêve» disait Pablo Neruda.

Le mien ce matin de juillet est coloré. Il s’accroche aux façades bariolées des maisons de Valparaiso. Elles envahissent les collines de la baie et tâchent de suivre les bateaux qui quittent le port pour des courses lointaines.

Le plus grand port du Pacifique, au Chili, brille aujourd’hui d’une autre flamme après le désastre causé par l’ouverture du canal de Panama et j’essaie d’en cueillir la chaleur.

Hier

Il fut un temps où la ville de Valparaiso connaissait une activité portuaire économique telle, qu’il fallut agrandir la ville et gagner sur la mer pour construire un port d’une plus grande envergure pour soutenir le commerce fait sur le Pacifique.

Valparaiso était alors reine des importations et exportations avec les pays du Pacifique. D’imposants monuments au centre-ville gardent l’emprunte de l’âge d’or de cette activité portuaire.

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Des banques, des grands quotidiens, des commerces appartenant au Chili, à l’Angleterre ou à l’Allemagne occupent le bas de la ville avant d’arriver sur la grande place qui les sépare du port. C’est l’âge d’or.

Puis les commandes allant, le commerce se développant davantage, il faut construire rapidement des habitations pour une main d’œuvre croissante.

On se sert du bois et de la tôle, légère à transporter sur les bateaux et facile à assembler, pour bâtir des cabanons sur les flancs des collines, de la baie et jusqu’à leur sommet. Valparaiso voit sa démographie augmenter et son activité s’accroître.

Jusqu’à la construction du canal de Panama qui détourne les bateaux de Valparaiso et lui retire son commerce. Il n’y a plus de raison de faire le tour par la pointe du Chili pour le Pacifique. Le Canal est une porte d’entrée directe, sûre et pratique.

Le glas sonne pour la ville de Valparaiso. L’activité se retire. Les monuments tombent en ruine. Les gens s’en vont. Les pauvres restent. Valparaiso se meurt.

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Aujourd’hui

Après les années 60, c’est un autre parfum qui plane sur la Valparaiso.

Ces maisons aux couleurs vives qui grignotent la montagne, cette torpeur surannée qu’on trouve dans le bas de la ville aux alentours du port, la proximité des plages de Vina del Mar ou de Concon attirent les artistes et les bobos (bourgeois bohèmes).

L’UNESCO prend la ville sous son aile et l’inscrit à son patrimoine mondial. Poètes, peintres, et chanteurs redonnent vie à ces quartiers et à ce port abandonnés de tous. Valparaiso accueille les navires de croisière et ses touristes ébahis par tant de poésie.

Partie à l’assaut des différents quartiers disséminés sur quatre collines, je vérifie à mes frais le dicton «Les femmes de Valparaiso ont les plus belles jambes du monde». Il faut en effet du muscle et du souffle pour grimper et descendre les rues à pic.

Mais cela me donne à voir les plus beaux graffitis qui m’ait été donné d’admirer et de prendre la mesure des flux d’immigration de ce côté-ci du Chili.

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Des églises anglicanes côtoient des églises luthériennes et catholiques. Le quartier italien se reconnaît à des maisons collées, devenues communes. Les alentours du cimetière catholique se bordent de galeries d’artistes et de boutiques où l’on trouve des bijoux, des vêtements originaux et créatifs.

Plus on monte vers le sommet de la colline, plus la pauvreté se ressent et l’insécurité est palpable.

À l’aide d’un des fameux funiculaires colorés, on redescend vers des endroits en pleine évolution: des maisons réaménagées en hôtels tendance ou hôtels boutique, on retrouve des demeures de grands exploitants et de riches familles converties en musées.

On peut faire un tour qui embrasse parmi les plus beaux graffitis de la ville et permet de faire le sien propre.

Calme

Impossible de ne pas s’arrêter à la maison du poète Pablo Neruda et de chercher à s’imprégner de ce qui nourrissait son imaginaire.

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De cette terrasse on admire le port. Peu ou pas de bruit. Aucune agitation extrême urbaine.

Tout est calme. Trop peut-être. Pour ceux que l’art et la poésie n’intéressent qu’un temps, il faut absolument pousser jusqu’au jardin botanique, après Vina del Mar (que l’on rejoint en taxi ou en bus).

L’occasion de parcourir en vélo ou à pied un parc de plantes et de végétaux endémiques et tropicaux. Un poumon de verdure au bord de l’eau. C’est aussi un haut lieu de retrouvailles chiliennes quand les familles viennent s’y retrouver pour un barbecue.

L’occasion de faire connaissance et de se noyer dans une joyeuse pagaille festive. Les enfants peuvent aussi faire de la tyrolienne et planter une plante pour contribuer à l’écologie du lieu.

Enfin, l’observation des lions de mer et des oiseaux emblématiques du pays près de Concon achèvera votre découverte d’un lieu insolite à l’Histoire maritime riche.

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Un peu de poésie sur un bord d’arc-en-ciel chilien.

Où dormir : Verso Hotel (moderne, bien situé, ambiance routard)
Où manger : Dinamarca 399

Auteur

  • Aurélie Resch

    Chroniqueuse voyages. Écrivaine, journaliste, scénariste. Collabore à diverses revues culturelles. Réalise des documentaires pour des télévisions francophones. Anime des ateliers d’écriture dans les écoles, les salons du livre et les centres culturels.

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