Un après-midi à Vimy

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Publié 10/11/2015 par Aurélie Resch

Entre les arbres, des moutons paissent tranquillement. L’herbe est grasse et le paysage vallonné. Tout est calme. Même le vent semble retenir son souffle.

Un paysage bucolique dont on aime s’imprégner dans ce coin nord de la France. Et pourtant, lorsqu’on pousse la promenade un peu plus loin, on est frappé par le relief décidément tout en creux et en rondeurs.

En y regardant de plus près, il apparaît davantage accidenté qu’harmonieux et plus tout à fait naturel.

La première rencontre avec Vimy et trompeuse. Sous les prairies verdoyantes et accueillantes, la terre porte encore les stigmates d’une guerre violente, sans pitié et tristement célèbre. Si les moutons ont aujourd’hui remplacé les soldats et l’herbe la boue, on entend pourtant dans ce silence devenu tout à coup assourdissant, les cris et les tirs de soldats pris dans la tourmente.

Une guerre impitoyable

Durant la Première Guerre mondiale, 612 000 Canadiens ont pris part au combat et se sont démenés pour repousser l’ennemi sur la crête de Vimy. Entre le 9 et le 12 avril 1917, sous le commandement du Général Julian Byng, les soldats canadiens attaquent la crête de Vimy et bat l’ennemi.

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Là où pendant deux ans, les Français et les Anglais ont échoué à reprendre cette zone française aux Allemands, les Canadiens triomphent au prix cependant de 3598 morts.

Cette victoire stratégique et guerrière sans précédent marque l’émergence de la nation canadienne, confirme le statut d’élite de son armée et lui offre une position d’indépendance lors de la signature du traité de Versailles.

Même si la victoire est vibrante, la guerre fut traumatisante et les champs de boue de Vimy n’en finissent pas de pleurer ces corps abandonnés à l’éternité loin de leur pays.

Un monument émouvant

Un peu à l’écart de cette zone pas encore entièrement déminée et sur laquelle on trouve encore des obus émergeant des profondeurs du sol, un monument étonnant est dédié aux soldats canadiens venus se battre et vaincre l’ennemi en France.

Culminant à 40 mètres de haut, au sommet de la côte 145 où les Canadiens remportèrent la victoire, se dressent deux colonnes représentant le Canada et la France dominant la plaine de Lens.

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Cette allégorie de la paix prend toute sa dimension dans les contours de la statue d’une femme voilée représentant la mère de ces enfants tombés sur le sol français pour la liberté. Sa tête tournée vers l’Est, regarde en direction d’une aube nouvelle, promesse de paix.

Le choix d’une oeuvre résolument émouvante et loin des représentations plus violentes de la guerre est un hommage offert par la France au Canada en 1922. Sertie de silence et d’un paysage calme et harmonieux, le mémorial émeut et prend une dimension particulière. Tout autour semble immense. Désert. En recueillement. Une visite émouvante et troublante d’un site important, imposant, dans un décor sobre, lieu de terribles batailles.

Il faut se souvenir

En foulant ce sol entre champs de combat et mémorial pour disparus et rescapés canadiens, on ne peut s’empêcher de penser à ce terrible combat, au courage et stratège exemplaire de l’armée canadienne ainsi qu’au gâchis absurde de ces jeunes vies.

Dans le silence, une visite au monument dans ce coin de France avec sa famille permet d’estimer l’importance de la présence canadienne à l’étranger et de lui reconnaître sa grandeur. Une occasion aussi de réfléchir à ce qui a été fait et qu’on doit à tout prix évier de se reproduire.

En ce 11 novembre, souvenons-nous.

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* * *

612 000 Canadiens ont pris part au combat et se sont démenés pour repousser l’ennemi sur la crête de Vimy.

Même si la victoire à Vimy fut rapide, elle fut néanmoins coûteuse. Il y eut 10 602 pertes canadiennes, dont 3 598 morts.

Gravés sur les parois du monument commémoratif figurent les noms des 11 285 soldats canadiens «portés disparus et présumés morts» en France.

Il a fallu onze ans et 1,5 million $ pour construire le monument qui fut dévoilé le 26 juillet 1936 par le roi Édouard VIII, en présence du président de la France, Albert Lebrun, et de quelque 50 000 vétérans canadiens et français et de leurs familles.

Auteur

  • Aurélie Resch

    Chroniqueuse voyages. Écrivaine, journaliste, scénariste. Collabore à diverses revues culturelles. Réalise des documentaires pour des télévisions francophones. Anime des ateliers d’écriture dans les écoles, les salons du livre et les centres culturels.

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