Conformément au calendrier qui prévoyait l’ouverture, le 3 octobre dernier, des négociations en vue de l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne, les 25 ministres des Affaires étrangères des pays membres en ont convenu à Luxembourg, à la date prévue, mais de justesse, en s’en tenant à l’heure britannique, 23 h, même s’il était minuit à Luxembourg. Ce tour de passe-passe était possible, notamment parce que le Royaume-Uni assure la présidence de l’Union européenne (UE).
L’opposition de l’Autriche, hostile à l’entrée de la Turquie dans l’UE et proposant plutôt un statut de partenaire privilégié, avait bloqué l’entente.
Mais le ministre britannique des Affaires étrangères s’était montré inflexible, prêt à plonger l’Europe dans une nouvelle crise politique. Il n’était pas disposé à «trahir la Turquie», selon son expression. Il faut dire que sa position était, soutenue par les États-Unis, dont la Turquie est un allié.
La secrétaire d’État américaine, Condoleezza Rice, avait même téléphoné au Premier ministre turc pour clarifier la question de la reconnaissance de la République de Chypre. Les militaires turcs redoutaient que Chypre n’adhère à l’OTAN.
«Le cadre des négociations avec l’Union européenne n’interfère pas avec l’Otan: les deux sujets ne sont pas liés», a-t-elle assuré au chef du gouvernement turc.